Affaire Amy Lynn Bradley : qu'est-il arrivé à la disparue de la croisière ?

Le 21 mars 1998, la famille Bradley, Ron, Iva et leurs enfants Amy et Brad, quittent la Virginie pour embarquer sur le Rhapsody of the Seas, un paquebot géant de la Royal Caribbean. Le programme est idyllique : une semaine de croisière autour des îles des Caraïbes, entre Aruba, Curaçao et Saint-Martin. Pour Amy Lynn Bradley, 23 ans, diplômée en éducation physique et récemment installée dans son propre appartement, le voyage s’annonce comme une pause bien méritée.

Mais au matin du mardi 24 mars, tout bascule. Il est 7h35 lorsque Ron Bradley signale à la sécurité du navire que sa fille a disparu. Il explique que le bateau, qui compte 999 cabines, est bien trop grand pour qu'il puisse la trouver tout seul. Amy aurait quitté la cabine quelques heures plus tôt, sans papiers, mais avec ses cigarettes. Depuis, elle n’a jamais été revue.

Un signalement ignoré

Dans un premier temps, les responsables de bord refusent de donner l’alerte. Le chef de la sécurité minimise la situation, avançant que la jeune femme a probablement passé la nuit ailleurs et réapparaîtra bientôt. Le navire, accosté à Curaçao, laisse alors débarquer près de 2.000 passagers, sans aucune vérification. Une première annonce interne, aussi discrète qu’inefficace, est diffusée près de 20 minutes plus tard.

"Cette île n'est pas américaine, elle appartient au royaume des Pays-Bas. Ils ont leur propre juridiction, leur garde-côte, leur police, donc tout cela est très compliqué. Il y a une lenteur internationale, cela va prendre des heures à se mettre en place", explique Gina Ranalli, présidente de l’application BlackTrack, dédiée aux affaires non résolues, au micro de L'Heure du crime.

Ce n’est que plusieurs heures après la disparition qu’une fouille rapide du paquebot est ordonnée, mais en vain. Amy ne se trouve ni sur le bateau, ni dans le port. La thèse de la noyade volontaire est rapidement écartée : Amy avait le vertige et n’approchait jamais du bord.

Un musicien suspect

L’enquête, ralentie par les multiples juridictions, finit par s’intéresser à Alister Douglas, un guitariste d'un des groupes de musique du paquebot. Des témoins affirment l’avoir vu avec Amy à l’aube du matin de sa disparition. Douglas nie et accepte de passer au détecteur de mensonges. Les résultats sont jugés non suspects, et il est relâché.

"Alister a agi de manière déplacée avec Amy ainsi qu'avec plusieurs jeunes femmes sur le bateau. Il les mettait mal à l'aise par sa façon de les regarder et de danser avec elles. (…) En octobre, je l'ai rencontré et il est maintenant pasteur, marié et père de famille. Il m'a dit qu'il avait dépassé les limites avec certaines femmes sur le bateau, mais je ne pense pas qu'il cache quoi que ce soit", avance James Renner, journaliste, au micro de L'Heure du crime sur RTL.

Mais les Bradley sont convaincus d’un acte criminel. Ils estiment que leur fille a été enlevée, peut-être lors du débarquement à Curaçao. Une hypothèse renforcée par plusieurs témoignages.

25.000 dollars pour une information

Dans les semaines et mois suivants, des témoins affirment avoir vu Amy à terre. En 1999, les Bradley sont victimes d’un escroc leur promettant de libérer leur fille en Colombie. Il leur soutire 25.000 dollars. En 2010, un os de mâchoire retrouvé à Aruba est analysé. Il ne s’agit pas de celui d’Amy.

Le 24 mars 2010, douze ans jour pour jour après sa disparition, Amy Lynn Bradley est déclarée morte. Son corps n’a jamais été retrouvé. Mais l’affaire reste ouverte. Le FBI continue de diffuser son signalement, accompagné d’images vieillies, et offre une récompense de 25.000 dollars pour toute information permettant de résoudre ce mystère.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Gina Ranalli, cofondatrice et présidente de l’application BlackTrack : une application dédiée aux affaires non résolues partout dans le monde.
- James Renner, journaliste, réalisateur du podcast : True crime this week et auteur du livre True Crime Addict.  

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