Joseph Force Crater était en passe de devenir l'un des juges les plus influents de New York et même des États-Unis. Intelligent, fin juriste et impitoyable avec ceux qui pouvaient enfreindre la loi. En cette année 1930, à 41 ans, il venait tout juste d'accéder à de hautes fonctions jusqu'à ce qu'il disparaisse, au cœur de Manhattan, à l'été 1930.
"En vingt ans, il a réussi à se faire un nom dans différents secteurs : judiciaire, politique et le monde de la nuit. Il avait presque deux visages. On peut dire que c’était un homme aux multiples facettes", précise Stephen J. Riegel, avocat à New York, ancien procureur fédéral et invité de L'Heure du crime.
Dès les premiers jours, l’enquête sur la disparition fait voler en éclats le portrait flatteur du haut magistrat. On découvre un mari volage qui a des maîtresses, court les starlettes des music-halls. Un juge également obsédé par l'argent au point que les investigations vont se pencher sur de possibles faits de corruption.
Joseph Crater était impliqué dans la Tammany Hall, un groupe politique très corrompu et dangereux. Le juge aurait donné beaucoup d'argent à ses amis démocrates pour être nommé à la Cour suprême. Il craignait qu’une commission d'enquête anticorruption, récemment créée, l’ait démasqué. Le juge Crater aurait préféré prendre la fuite.
"Pour Edward Mulrooney [le commissaire, ndlr], c’est effectivement une disparition volontaire. Je pense qu’il est persuadé que le juge trempe dans des affaires pas très très claires", ajoute Olivier Renault, journaliste pour Ouest-France et invité de l'Heure du crime.
Le 9 janvier 1931, cinq mois après la disparition, l'enquête est close. Le grand jury annonce n'avoir aucune preuve pour conclure à un crime ou à une disparition volontaire. En 2005, l'affaire connaît un rebondissement : la découverte d'un testament troublant qui renseignerait l'identité des meurtriers du juge. "Il fait couler beaucoup d’encre parce qu'il est crédible. Il est un peu la révélation miracle qu’on espérait sans trop y croire", confie Olivier Renault. La police n'a trouvé aucune preuve concrète.
Le dossier N°13595 de la police de New York, celui de la disparition du juge Crater, est officiellement clos depuis 1979. Pourtant, depuis cette date, les vérifications occasionnelles, sur la base de témoignages ou même d'indications données par des voyants, n’ont jamais cessé. "Il faut savoir que la police a exploré environ 3.000 pistes. Ils ont vraiment fouillé partout", détaille Olivier Renault.
"Le problème, c’est que de nombreux aspects de sa vie peuvent expliquer sa disparition : la politique, un scandale judiciaire, son côté coureur de jupons", conclut Stephen J. Riegel, avocat à New York et ancien procureur fédéral.
- Olivier Renault, journaliste pour Ouest-France et auteur de l'article "Comment le juge Crater est devenu en 1930 'l’homme le plus disparu' de New York", publié sur le site de Ouest-France.
- Stephen J. Riegel, avocat à New York, ancien procureur fédéral et auteur du livre Finding Judge Carter publié aux éditions Syracuse.
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