Affaire du château d'Escoire : Georges Arnaud a-t-il tué trois de ses proches pour empocher l'héritage ?

Samedi 25 octobre 1941, Jeannette Valade, petite paysanne de 16 ans, emprunte le sentier qui mène au château d'Escoire. Le domaine appartient à une riche famille parisienne. Amélie Girard y séjourne depuis quelques jours avec son frère, Georges Girard, haut fonctionnaire du gouvernement de Vichy, et le fils de celui-ci, Henri, 23 ans. La jeune adolescente tombe alors sur un corps gisant au sol. 

Les gardiens, le maire d'Escoire, les premiers gendarmes et quelques curieux découvrent un massacre. Près de la cuisine, dans une chambre, il y a le corps de Georges Girard, celui de la bonne, Louise Soudex et celui d'Amélie Girard. Cette dernière a reçu le plus de coups : 18 perforations et estafilades dans le dos. L'arme du crime est vite trouvée dans la cuisine : c’est une serpe maculée de sang. Le gardien la reconnait. Henri, le fils de la famille, lui avait empruntée la veille. 

Un témoignage intrigue la police. René Taulu, le fils des gardiens, raconte avoir été surpris de voir le château plongé dans l'obscurité vers 21h30. Et si l'assassin avait provoqué une panne électrique pour pouvoir trucider les occupants de la bâtisse ? Coïncidence : le tableau d'alimentation est justement dans la chambre où dormait le jeune Henri Girard. Lui répète qu’il s’agit d'un cambriolage qui a mal tourné, sauf que rien n'a été volé.

Les policiers s’intéressent à ce jeune garçon. Il a toujours compté sur son père et sa tante pour subvenir à ses besoins, quitte à employer des moyens détournés. Quelques mois avant la tragédie, il a fait croire à la tante Amélie qu'il était en prison pour lui soutirer de l'argent, afin de payer sa caution de sortie. Bons princes, son père et sa tante ont toujours exaucé ses désirs. Ce robinet était-il en train de se tarir ? Le voilà dans tous les cas devenu un très riche hériter.

De l'accusé au romancier

Le 27 mai 1943, Henri Girard fait face aux juges et jurés de la Cour d'assises de la Dordogne à Périgueux. La salle est comble, hostile à un accusé qu'elle désigne comme un coupable. Mais après cinq jours de procès, Me Garçon se lance dans sa plaidoirie. Il va réussir le tour de force de faire basculer les jurés en faveur d'un accusé peu sympathique et réputé sans morale. Henri Girard est acquitté.

"Dès qu'il a été acquitté, il a tout de suite porté plainte devant le juge qui avait enquêté sur lui. Mais ce juge n'a jamais fait le moindre geste pour enquêter. Il demandait de l'argent à Henry Girard à l'époque en disant qu'il fallait de l'argent pour enquêter, raconte Philippe Jaenada, écrivain et auteur du roman La Serpe, publié chez Julliard. Il a payé une ou deux fois 10 milles francs et ce juge n'a jamais levé le petit doigt. Cette affaire ne sera jamais résolue donc on reste avec des suppositions." 

En 1950, George Arnaud, pseudonyme choisi par Henri Girard, publie un livre qui va lui donner une éternelle notoriété. L'histoire est inspirée du séjour de l'auteur en Amérique centrale et au Venezuela après la guerre. L'ouvrage devient un film trois ans plus tard sous le même titre, avec Charles Vanel et Yves Montand au volant d'un camion chargé de nitroglycérine.

Devenu Georges Arnaud, Henri Girard ne va plus jamais parler de l'affaire du château d'Escoire. Seul l'auteur des SAS, Gérard de Villiers aurait recueilli des aveux pour le moins surprenants. A la question de de Villiers, "C'est vraiment toi qui les a tués", il aurait répondu par l'affirmative. "Georges Arnaud était quelqu'un de très provocateur. Ça sent vraiment la blague. En tout cas Gérard de Villiers est tombé dedans à pied joint", explique l'invité de L'Heure du crime.

L'invité de "L'Heure du crime"

 - Philippe Jaenada, écrivain et auteur du roman La Serpe, publié chez Julliard.

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