C'est un crime vieux de 90 ans. Le 2 février 1933 dans le centre-ville du Mans, Christine et Léa Papin avouent le meurtre de leur patronne Léonie Lancelin et de sa fille Geneviève. "Leur version des faits c'est qu'elles ont tout commis ensemble", raconte près d'un siècle après Julia Minkowski dans Les Voix du crime. L'avocate est l'autrice du roman Par-delà l'attente (JC Lattès, 2022) qui retrace l'affaire du point de vue de Germaine Brière, engagée pour assurer la défense des deux domestiques.
Cette pionnière - elle est la première femme avocate inscrite au barreau du Mans - se trouve face à un crime inédit : non seulement celui-ci a été commis par deux femmes, mais il est aussi caractérisé par une énucléation, c'est-à-dire que les yeux des deux victimes ont été arrachés... de leur vivant. Dès le lendemain du meurtre, toute la France se pose une seule et même question : qu'est-ce qui a bien pu conduire Christine et Léa, "deux perles", à cette horreur ?
"Manifestement, Christine Papin était de plus en plus agitée dans les derniers mois, encore plus dans la semaine" qui avaient précédé le crime, explique Julia Minkowski qui s'est plongée dans les archives pour écrire son livre. "Une fois placée en détention, elle va faire un certain nombre de crises. Et donc ce qu'on peut penser, c'est qu'il y a eu une petite étincelle, un élément déclencheur entre elle et ses patronnes et que ça a déclenché une de ces crises."
Christine va arracher ses vêtements, lécher le sol, faire des signes de croix
Julia Minkowski
La crise la plus impressionnante est cell