Affaire des sœurs Papin : qui étaient vraiment les "arracheuses d'yeux" ?

Ce jeudi 2 février 1933, peu après 19h00, René Lancelin, ancien avoué, directeur aux Mutuelles du Mans, revient de son Cercle et rentre chez lui. Il fait froid et la nuit enveloppe déjà la ville. La porte du numéro 6 de la rue Louis Bruyère devrait être ouverte mais elle lui résiste. Curieux, celle-ci n'est jamais fermée à cette heure-ci. 

Il appelle, mais personne ne répond. Aucune lumière n'est visible derrière les rideaux du rez-de-chaussée et les volets clos des étages. Lancelin est intrigué. II file aussitôt voir l'une de ses relations, le commissaire central Dupuy, le patron de la Sûreté. Les gardiens de la paix, Messieurs Ragot et Vérité, accompagnés du propriétaire, forcent la porte cochère puis la porte d'entrée d'une demeure plongée dans l'obscurité.

C'est l'agent Ragot qui pénètre le premier dans la maison. Il y a du sang sur le palier de l'escalier qui conduit au premier étage. Sur l'une des marches, un œil arraché. L'agent Ragot pressent le pire. Il demande à son collègue de ne pas laisser entrer le propriétaire. À l'étage, il y a deux corps en désordre, jetés sur le tapis ensanglanté.

Une folie meurtrière ?

Geneviève, 21 ans, la fille de la maison, a la face contre terre. Son manteau et sa jupe sont relevés, les fesses et les cuisses nues. Sa mère, Léonie, épouse Lancelin, 56 ans, a subi le même sort. Elle repose sur le dos. Les jambes ont été entaillées au couteau de cuisine. Les visages ont été détruits à coups de pichet en étain et de marteau. Les yeux des malheureuses ont disparu, arrachés. Presque toutes les dents semblent avoir été brisées.

Le commissaire Dupuy, rapplique dare-dare rue Louis Bruyère, il est effaré par la barbarie de la scène de crime. Le greffier de la police, M. Bouttier, note scrupuleusement tous les détails. Il y a des éclaboussures de sang jusqu'à une hauteur de 2 mètres 20. Il comptabilise les fragments d'os et de dents, indique l'œil retrouvé quasiment intact, un sac à main renversé, un trousseau de clés jeté au sol. C’est comme si un vent de folie meurtrière avait déferlé sur la demeure...

L'invitée de "L'heure du crime"

- Julia Minkowski, avocate et autrice du livre Par-delà l'attente, chez JC Lattès.

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