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Des gendarmes inspectent l'entrée du stand de tir à Guilers, près de Brest, le 13 octobre 1996.
Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP
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À l'automne 1996, deux corps sont retrouvés à l'entrée d'un stand de tir de la Marine nationale, près de Brest. La découverte a été faite par un adhérent du club, qui a entendu des détonations. Deux hommes gisent au sol : François Picard, un pharmacien militaire de 52 ans, et Pol Creton, spécialiste des mammifères marins de 32 ans. Ils ont été abattus de trois balles avec méthode, détermination et froideur.
L'annonce de la mort de son frère, Jean-Claude Picard, "s'en souviendra toute [s]a vie". "La sœur de son épouse m'appelle un dimanche matin et me dit : 'François a été abattu, il est mort'", explique-t-il au micro de RTL. Son frère n'aurait jamais dû se trouver là. Quelques minutes plus tôt, l'adhérent du club qui a découvert les corps l'a croisé à la boulangerie et François Picard lui a demandé d'ouvrir les portes du club à sa place puisqu'il était, lui, en retard. Le militaire n’était donc pas attendu par les tueurs. De son côté, Pol Creton était venu au stand de tir pour se renseigner sur la journée porte-ouverte.
À première vue, pour les enquêteurs, l'affaire ressemble à un vol crapuleux. Le ou les agresseurs ont fait les poches des victimes, les portefeuilles ont été emportés, ainsi que l'arme personnelle de François Picard. Les meurtriers ont découpé un grillage de deux mètres de haut dans la végétation pour entrer puis sortir, sans laisser d'empreinte. "L'organisation et la préméditation semblent évidentes. Des éléments laissent à penser qu'on a affaire à un tireur extrêmement fort. Mais en même temps, le calibre n'est pas spécialement celui utilisé par les voyous et malfaiteurs", analyse le commissaire Richard Marlet, invité de L'heure du crime.
Quatre jours après, un employé de la SNCF de Landerneau retrouve les portefeuilles de François Picard et Pol Creton dans une poubelle. Ils viennent d'y être jetés. Quatre témoins seront entendus. Une femme qui promenait son chien évoque une voiture de couleur bleue. Pendant des mois, le véhicule va être recherché sans succès. Les enquêteurs ne disposent que de très peu d'indices. Plusieurs pistes sont étudiées alors que le bois de Keroual, auquel le stand de tir est adossé, est connu pour des trafics en tout genre : toxicomanes, malfrats, héroïne... Sans résultats.
Mais, de son côté, le frère de François Picard affirme sur RTL avoir sa conviction : "Mon opinion c'est qu'il a été assassiné par des malfrats locaux, mais qu'il y a trop de choses troublantes pour que ce soit uniquement un supposé vol d'armes. Je continue à penser qu'il s'est passé quelque chose d'autre en rapport avec son métier. L'armée n'est pas innocente là-dedans." François Picard était un pharmacien militaire chargé de surveiller la radioactivité en rade de Brest. Un poste sensible et stratégique. Deux jours seulement après le décès, le bureau de la victime a été entièrement vidé. Secret défense oblige. Les enquêteurs noteront ainsi qu'il "n'a pas été possible d'explorer certaines pistes".
En avril 1999, trois ans après les meurtres, un ferrailleur de Guilers, commune sur laquelle se trouve le stand de tir, appelle les gendarmes. Il vient de découvrir un chargeur de pistolet sur son terrain. Identifié, il s'agit de l'un des quatre volés au militaire François Picard. Les enquêteurs s'intéressent alors de très près à une famille de gens du voyage qui occupe un terrain proche du ferrailleur. Deux de ses membres auraient cherché un jour à vendre des armes à un trafiquant de drogue local et l'un d'eux aurait déclaré un jour qu'un de ses cousins "avait buté les deux types pour une histoire drogue et pour s'emparer de leurs flingues".
Deux courriers anonymes signés du pseudonyme "Gamma" ont également mobilisé les enquêteurs. Le corbeau donnait le nom d’un voyou local comme étant derrière le double meurtre. Le dénonciateur anonyme est identifié mais certifie avoir tout inventé. De nombreuses pistes, des gardes à vue mais aucune mise en examen.
Pourtant, onze ans après les faits, un vaste coup de filet a lieu à Brest. Douze personnes sont interpellées. Une semaine auparavant, le procureur de Brest, Xavier Tarabeux, avait annoncé que de nouveaux tests ADN effectués sur un mégot présent sur la scène de crime, avaient été concluants. Parmi les douze personnes interpellées figure le ferrailleur de Guilers qui avait découvert un chargeur volé sur son terrain, mais les interpellations ne donnent aucun résultat. Les douze gardes à vue sont rapidement levées.
Vingt-six ans après la tragédie, le pôle des cold cases reprend le dossier mais jusqu'à ce jour, le mystère persiste. Dernier rebondissement en date : en avril 2024, les gendarmes décident de fouiller l'étang de Villeneuve, entre Brest et le stand de tir de Guilers. Cinq plongeurs sont à la recherche de l'arme du crime, mais sans succès. De leur côté, les familles et leurs avocats n'ont jamais cessé de se démener pour que le dossier ne soit pas refermé. "Si je pouvais partir de cette terre après avoir su la vérité, ce serait pas mal. Je serai quelque part un petit peu plus en paix", conclut Jean-Claude Picard, le frère du militaire abattu.
- Jean-Claude Picard, frère de l'une des deux victimes, François Picard
- Commissaire Richard Marlet, ancien dirigeant des services de l'identité judiciaire et de la documentation criminelle du 36 quai des Orfèvres
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