Affaire Denise Le Pohon : qui est responsable du meurtre de la sœur d'Irène Frain ?

Dimanche 9 septembre 2018, le fils de Denise Le Pohon se rend dans le pavillon maternel à Brétigny-sur-Orge, près de Paris. À l'intérieur, c'est le calme plat, jusqu'à ce qu'il découvre dans la chambre sa mère de 79 ans inerte. Elle porte une blessure ensanglantée à l'arrière de la tête et de nombreuses ecchymoses sont visibles sur son corps. Elle est transportée inconsciente à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. 

Très vite, l'hypothèse d'un accident domestique s'éloigne pour faire place au cambriolage qui a mal tourné. Un marteau de charpentier est retrouvé dans la salle d'eau, à côté de la paire de lunettes de la victime qui décèdera sept semaines plus tard. Néanmoins, impossible de dire avec certitude si les coups reçus ont entraîné la mort.

La défunte était la sœur aînée de l’écrivain à succès Irène Frain. "J'avais l'impression que tout cela n'était pas pris au sérieux. On présentait ma sœur comme une vieille folle. Qui plus est, l'autopsie parlait de "mort naturelle". Il a fallu se battre pour prouver qu'elle était bien décédée suite aux coups reçus", disait l'écrivain au journal Le Parisien.

Lundi 10 décembre 2018, la procureure d'Evry, Caroline Nisand, indique que cet homicide est un dossier prioritaire. La mort de la vieille dame s'inscrit dans une longue série d'agressions similaires. Au total, neuf attaques et séquestrations sont répertoriées. 

Un ADN non exploitable ?

Jeudi 1er avril 2021, deux ans et demi après la mort de Denise Le Pohon, un jeune homme, qui a dérobé quelques mois auparavant un véhicule, est interpellé. Il est considéré comme violent. C'est un familier des marteaux de charpentier puisqu'il suit une formation de menuisier. Son profil génétique est comparé aux ADN mêlés sur le manche du marteau, mais impossible d'établir une correspondance.

"Il existe une trace ADN sur ce marteau. La difficulté cependant, c'est que cet ADN n'est pas complet, indique Me Jean-Baptiste Laplace, avocat au barreau de Paris et avocat d’Irène Frain. On ne l'a pas trouvé en quantité suffisante et de façon suffisamment détaillée pour pouvoir dresser une carte d'identité d'un auteur que l'on pourrait comparer par insertion dans le fichier national à tous ceux qui sont déjà référencés."

Les policiers de l'Essonne ont multiplié les vérifications les plus diverses. Ils ont passé en revue les sorties du samedi des détenus de la prison de Fleury-Mérogis ; listé les heures et jours de sortie de tous les pensionnaires de l'hôpital psychiatrique Barthélémy-Durand et ceux du centre social La Fontaine. Les enquêteurs ont visionné des heures et des heures d'images de vidéosurveillance. "À ce jour, toutes les pistes à disposition des enquêteurs semblent avoir été exploitées", écrivent les policiers.

"Qu'une nouvelle expertise des médecins légistes dise qu'elle est morte des coups de marteaux, c'est une première victoire, lance Irène Frain, sœur de Denise Le Pohon. Ce n'est plus une mort naturelle, c'est un meurtre donc je suis prête à continuer le combat pour éviter que le dossier ne se referme."

Les invités de "L'Heure du crime"

- Irène Frain, romancière et journaliste, sœur de Denise Le Pohon et auteure du livre Un crime sans importance, publiés aux éditions Seuil.
- Me David Koubbi et Me Jean-Baptiste Laplace, avocats au barreau de Paris et avocats d’Irène Frain.

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