Affaire Cécillon : qui était Chantal, la victime oubliée du célèbre rugbyman ?

Tout s'est passé lors d'une soirée arrosée à Saint-Savin (Isère). Ce soir-là, le 7 août 2004, Marc et Chantal Cécillon sont invités chez des amis pour fêter la victoire d'un club de rugby local. Le couple est fissuré : Marc, star du rugby et ancien capitaine du XV de France, est tombé dans l'alcool. Chantal, qui subi des violences de sa part, s'apprête à demander le divorce.

Marc Cécillon arrive à la soirée très alcoolisé. D'emblée, il est agressif avec sa femme. Au cours de la soirée, il est éconduit par sa femme qui refuse de rentrer avec lui. Après une dispute avec l'organisatrice de la soirée, Marc rentre chez lui seul... et peu après fait son retour à la soirée.

"Son attitude a changé : tout d'un coup, il est gentil. Il demande s'il peut dire au revoir aux convives. En réalité, c'est une stratégie pour s'approcher de la table, où se trouve Chantal", raconte le journaliste sportif Ludovic Ninet, auteur de L'Affaire Cécillon : Chantal, récit d'un féminicide (Presses de la Cité, 2023) dans Les Voix du crime.

Chantal était au bout du rouleau, harcelée par son mari, qui exigeait des rapports sexuels à ses retours de beuverie

Ludovic Ninet

Marc Cécillon sort alors un revolver de sa poche, et tire quatre balles à bout portant sur sa femme. Devant les policiers, "il reconnaît avoir été chercher l'arme pour tuer Chantal parce qu'elle l'avait éconduit", note Ludovic Ninet. 

Chantal "était au bout du rouleau, harcelée par son mari, qui exigeait des rapports sexuels à ses retours de beuverie", précise-t-il. Ses proches, qui la connaissaient comme joviale, l'ont vue perdre sa joie de vivre, et même ses cheveux à cause du stress.

Malgré cet "enfer" qu'elle vivait, elle essayait de reconstruire sa vie professionnelle. "Elle a passé un bac pro, en plus de la gestion du magasin qu'elle tenait, puis est devenue secrétaire médicale dans la banlieue de Lyon", raconte le journaliste sportif.

On avait déjà assez parlé de lui. Le but, c'était de redonner sa place à Chantal

Ludovic Ninet

Un premier procès a lieu en 2006 aux assises de Grenoble. Marc Cécillon est jugé pour "assassinat". La défense présente le rugbyman comme une "star déchue", qui aurait mal vécu sa fin de carrière et dont la dépression expliquerait le "crime passionnel." Le terme de "féminicide" n'existe pas à l'époque.

Marc Cécillon est condamné à vingt ans de prison. Il fait appel. Lors du procès en appel en 2008, une amie d'enfance de Chantal raconte "l'enfer qu'elle a vécu, et le comportement criminel qu'il avait envers elle les mois qui ont précédé." La peine de Marc Cécillon est finalement réduite à quatorze ans de réclusion.

Céline, la fille cadette du couple, et Marinette, la mère de Chantal, "ont ressenti une forme de dégoût pour ce récit qui effaçait Chantal. Je pense que c'est pour ça qu'elles m'ont répondu." Ludovic Ninet précise qu'il n'a pas voulu contacter Marc Cécillon pour écrire son récit. "On avait déjà assez parlé de lui. Le but, c'était de redonner sa place à Chantal."

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