Affaire Cécillon : "On passe à l'idole tous ses dérapages”, résume Ludovic Ninet à propos du féminicide commis par le rugbyman

PODCAST - Le 7 août 2004, Chantal Cécillon est tuée de quatre balles à bout portant par son conjoint, Marc Cécillon. Les exploits comme les excès de l'ex-capitaine du XV de France sont connus de tous. Mais ses amis, grisés par sa notoriété, ont fermé les yeux.

Marc Cécillon, au tribunal le 6 novembre 2006.

Crédit : Bernard de Vienne / AFP

80. Affaire Cécillon : le féminicide de Chantal, victime oubliée du célèbre rugbyman français

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Les amis considèrent Marc Cécillon comme un fêtard, un habitué des "troisièmes mi-temps". Dans les boîtes de nuit de Bourgoin-Jallieu (Isère), l'international français dérape régulièrement sous l'emprise de l'alcool. Mais tout le monde ferme les yeux : avec le club de rugby de la ville, l'enfant du pays, qui prend sa retraite en 1999, brille par ses exploits et sa carrière.

"C'est l'idole locale, quelqu'un d'extrêmement charismatique, impressionnant physiquement. Tout le monde le veut : les femmes comme amant, les hommes comme copain", explique Ludovic Ninet, auteur de L'Affaire Cécillon : Chantal, récit d'un féminicide (Presses de la Cité, 2023), dans Les Voix du crime.
Tout ce petit monde profite de la notoriété de l'ancien capitaine du XV de France. Des personnalités du monde du rugby l'idolâtrent, et sont toujours prêtes à lui trouver une excuse après une rixe ou un comportement violent avec sa femme Chantal, parce qu'il serait "quelqu'un de bien."

On dirait que ces personnes défendent Marc Cécillon comme un bon copain qui aurait fait une bêtise

Ludovic Ninet

Au soir du 7 août 2004, tout bascule. Au cours d'une soirée à Saint-Savin (Isère), Marc Cécillon, ivre, est agressif avec sa femme et plusieurs convives. Il est invité à quitter les lieux, mais revient moins d'un heure plus tard. Il prétend vouloir "dire au revoir aux convives", mais ces adieux seront fatals pour Chantal. L'ex-rugbyman, désormais armé d'un pistolet, tire quatre balles sur sa femme, à bout portant.

Au premier procès, "les personnes du monde du rugby qui se succèdent à la barre disent qu'elles n'ont rien vu. On dirait qu'elles le défendent comme un bon copain qui aurait fait une bêtise. J'ai trouvé cela dérangeant, après-coup", confie Ludovic Ninet, qui a suivi le procès par les journaux.

Quand Me Dupond-Moretti trouve des excuses à Marc Cécillon, elles sont liées à son statut de champion

Ludovic Ninet

Chantal Cécillon, principale victime de l'affaire, est occultée dans le récit médiatique. Son conjoint, et l'aura qui l'entoure, prennent toute la place. Lors du second procès, Me Dupond-Moretti, qui défend Marc Cécillon, transforme le meurtrier présumé en "victime" de l'alcool, qui aurait mal supporté sa fin de carrière.

Dans son récit, Ludovic Ninet réalise une autocritique sur le traitement médiatique de l'affaire. "Il y a un chapitre que j'ai intitulé 'Les petits soldats de l'illusion', où je questionne la tendance que l'on a, en tant que journalistes sportifs, à toujours présenter les athlètes sous leur meilleur jour." Une initiative qui, il l'assure, a été saluée pas plusieurs de ses confrères après lecture du livre.

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