Affaire Annie Toinon : une mère assassinée par l'un des siens ?

Par un matin de juillet 2010, à Saint-Galmier dans la Loire, Marie-Jeanne, une voisine, entre dans la ferme familiale laissée ouverte. Elle y fait une découverte glaçante en cherchant son amie Annie. Dans la chambre, c'est le choc : Annie Toinon, 58 ans, gît sans vie sur son lit, la tête ensanglantée, les murs et le plafond couverts d’éclaboussures rouges. L’arme du crime, une barre de fer tordue, est dissimulée sous le corps.

Très vite, les enquêteurs se penchent sur la famille. Bernard Toinon, le mari, est interrogé. Il fait chambre à part depuis qu'Annie a un bras dans le plâtre, mais il n’a aucun problème avec elle. Il affirme s’être levé à 5h30, être passé voir son épouse qui dormait avant de partir travailler à la ferme voisine. 

Le couple, discret, avait adopté en 1993 quatre enfants d’origine polonaise : Yannick, Adeline, Aurélien et Johan. Tous ont quitté le domicile, sauf Johan, 23 ans, encore vivant à la ferme. Très vite, l’enquête s’oriente vers les fils. Les enfants, notamment les deux derniers, Johan et Aurélien, sont réputés difficiles : fugues, violences et parfois menaçants. Aurélien, notamment, avait violemment agressé leur grand-père en 2000, lui brisant la mâchoire. 

"Tu t’occupes du père, je m’occupe de la mère"

L'enquête se resserre sur les profils des deux frères, Johan et Aurélien. Le matin du drame, Johan, le cadet, déclare s’être levé à 6h45 et n’avoir rien vu ni entendu. Mais au cours de l'enquête, ses versions changent. Lors d'une garde à vue, il affirme avoir entendu sa mère crier, puis avoir vu du sang en passant devant sa chambre. Il reconnaît également avoir aperçu la voiture de son frère Aurélien dans la cour. Il dit s’être enfui, paniqué à l’idée d’être accusé.

Les enquêteurs comprennent que les relations mère-fils étaient complexes. "À la base, Johan et Aurélien ne devaient pas être adoptés par la famille donc ça a été compliqué pour eux qui n'étaient pas désirés. C'était une famille dans laquelle l'amour n'était pas démonstratif avec un père qui était très absent et une mère qui faisait un peu comme elle pouvait pour cacher son alcoolisme et gérer les quatre enfants toute seule", explique Maître Vincent-Girod, avocate de Johan Toinon, au micro de RTL.

Johan va plus loin : quelques semaines avant le crime, Aurélien lui aurait parlé d’un plan macabre. "Tu t’occupes du père, je m’occupe de la mère", lui aurait-il dit. Aurélien, cependant, nie toute implication, admettant seulement avoir prononcé ces mots "sous la colère". Il accuse plutôt leur père, Bernard, dont l'ADN a été retrouvé dans la chambre d'Annie, bien qu'ils faisaient chambre à part depuis plusieurs semaines. De plus, Annie était propriétaire de la ferme, et en cas de décès, Bernard en hériterait entièrement.

Deux procès, deux acquittements

En 2014, Johan et Aurélien sont jugés devant la cour d’assises de la Loire. Johan revient sur ses accusations, affirmant avoir subi des pressions pendant la garde à vue. Il aurait parlé sous la menace que sa sœur enceinte soit gardée en détention. Les jurés tranchent : les deux frères sont acquittés.

"Dans ce dossier, il n'y a rien qui les incrimine directement. Il y a beaucoup de rumeurs, d'impression du juge d'instruction et des enquêteurs, mais concrètement, nous n'avons rien qui ne peut les relier au crime de leur mère" avance Maître Marion Vincent-Girod, avocate de Johan Toinon, au micro de L'Heure du crime sur RTL.

Deux ans plus tard, nouveau procès à Lyon. Cette fois, leur père les accuse ouvertement : "Mon épouse était une femme adorable. Ce que je n’ai jamais compris, c’est comment ses enfants la traitaient." Mais là encore, après onze jours d’audience, les jurés concluent à un manque de preuves. Les frères sont à nouveau acquittés. Depuis, Aurélien et Johan Toinon ont quitté la Loire. Ils vivent en Bourgogne, loin du hameau de la Vieillère. 

Les invités de L'heure du crime

- Maître Marion Vincent-Girod, avocate au barreau de Lyon et avocate de Johan Toinon avec Me Anne Guillemaut.
- Jean-Yves Moulin, ancien journaliste qui a suivi toute cette affaire pour Le Progrès. Il est l'auteur du roman : L’ombre des Sassi aux éditions du Panthéon.

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