Trois procès, deux en France, un à Saint-Domingue, des condamnations, un dossier judiciaire qui compte pas moins de 88.000 pages. Malgré cela, l'affaire "Air Cocaïne" diffuse encore et toujours un capiteux parfum de mystère et de soupçons. Comme si la justice n'avait jamais pu établir l'exact scénario de cette affaire.
Aux premiers jours du printemps 2013, les investigations promettaient d'être pourtant rapides et limpides. La République dominicaine annonçait l'arrestation à Punta Cana de quatre Français aux commandes d'un avion chargé de 680 kilos de cocaïne, prêt à traverser l'Atlantique pour rejoindre un petit aéroport de la côte varoise.
Le dossier va pourtant tourner à la confusion, se transformer en un mauvais roman qui comporte davantage de questions que de réponses. Une mission commando organisée pour exfiltrer en pleine mer les deux pilotes du jet, va définitivement transformer l'affaire en une spectaculaire aventure.
Le premier procès s'est tenu en 2019. Six personnes ont été jugées en appel deux ans plus tard. Le 7 juin 2021, la Cour d'assises spéciale d'appel d'Aix en Provence se penche à nouveau l'affaire "Air Cocaïne". Les axes de défense des uns et des autres n'ont pas changé. Après un mois de débat, les deux pilotes, Bruno Odos et Pascal Fauret, son acquittés. "C'était difficile d'exploser de joie car dans la salle d'autres personnes pleuraient, elles avaient été condamnées", témoigne le frère d'un pilote.
La justice ne pouvait pas reconnaître qu'elle s'était plantée
Christophe Naudin, pilote et spécialiste de la sûreté aérienne
Les dirigeants de la compagnie lyonnaise SN-THS, qui comme les pilotes affirmaient leur innocence, font partie des condamnés. Le 30 novembre 2022, la Cour de cassation confirme les peines prononcées, notamment à l’encontre des opérateurs du vol, Pierre-Marc Dreyfus et Fabrice Alcaud. "Je continue à clamer mon innocence", dit Pierre-Marc Dreyfus. "Je me bats et continuerai de me battre jusqu'au bout pour clamer mon innocence", poursuit-il.