Pour Bachar al-Assad, le captagon a constitué une juteuse manne financière ainsi qu'un levier de pression diplomatique. Car dans le chaos de la guerre, cette drogue - longtemps qualifiée à tort de "drogue des djihadistes" - s'est répandue bien au-delà des frontières syriennes.
Pourtant, à l'origine, le captagon est le nom d'un médicament commercialisé dans les années 1960 par un laboratoire allemand sous forme de comprimés de couleur blanchâtre. Il était alors prescrit principalement dans le cadre du traitement du trouble déficitaire de l'attention, de la narcolepsie et comme psychostimulant.
Un de ses ingrédients de base, la fénétylline, est une drogue de synthèse. Ses effets sont similaires à ceux de l'amphétamine et des dérivés amphétaminiques. La fénétylline a été inscrite par les Nations unies en 1986 sur la liste noire des psychotropes.
En France, le captagon "a fait l'objet d'abus dans les années 1970, en particulier dans les milieux sportifs" où il a été utilisé "comme produit dopant", souligne un rapport de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Et a été interdit à la fabrication et à la vente par un arrêté d'octobre 1995.
Avec une recette modifiée, le trafic de cette drogue a continué de proliférer au Moyen-Orient. "Les comprimés vendus sur les marchés des drogues du monde arabe sous le nom de captagon sont des contrefaçons ayant un aspect et portant un logo similaire à ceux du captagon originel", souligne l'OFDT. Et de poursuivre : "Le nom captagon a été conservé ; il a été en quelque sorte transféré depuis le marché licite, d'où le médicament originel a désormais disparu, vers le marché illicite". Pour le reste, "le captagon n'a plus grand-chose à voir avec le captagon".
Comme l'indique La Croix, ces faux comprimés, principalement produits en Bulgarie dans les années 1990, "ont inondé la péninsule arabique, et en particulier l'Arabie saoudite (qui constitue le plus gros marché au Moyen-Orient).
Dans ce pays conservateur, le captagon demeure à la fois la drogue des fêtes de l'élite aisée selon Le Monde. Mais aussi celle, discrète et moins taboue que l'alcool, des travailleurs modestes en quête de stimulants pour tenir les cadences infernales de leurs employeurs.
Après l'entrée de la Bulgarie dans l'Union européenne dans les années 2000, la production de captagon s'est déportée vers le Moyen-Orient, notamment vers la Syrie et le Liban, d'après l'OFDT.
En 2011, après l'éclatement de la guerre civile en Syrie, la fabrication de cette drogue de synthèse a explosé sur le territoire de ce pays. Bachar al-Assad, lorsqu'il a repris le contrôle de la majorité du territoire dès 2018, aurait ensuite sciemment organisé son trafic, utilisant ce commerce comme un moyen de survie politique et économique face aux sanctions internationales. "C'était devenu une source de revenus indispensable pour l'appareil d'État syrien sous Assad", relève le journaliste et spécialiste des mouvements djihadistes Wassim Nasr à France Culture.
Le groupe HTS, qui entend gérer la Syrie post-Assad avec son gouvernement intérimaire, cessera, assure-t-il, production et exportation de captagon - un business dont les revenus dépassait pourtant toutes les exportations légales de la Syrie réunies. Une gageure dans un pays à l'industrie à genoux, à la monnaie en chute libre et jusqu'i ici encore exclu du commerce international par les sanctions contre le clan Assad et ses affidés.
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