Coupe du monde 2034 : pourquoi l'attribution à l'Arabie saoudite fait polémique
Seule candidate, l'Arabie saoudite s'est vue confier par la Fifa ce 11 décembre, l'organisation de la Coupe du monde 2034. Une décision qui risque de faire grandement parler en raison de la faible propension du royaume à respecter les droits humains.
Une victoire sans surprise. La Fifa a attribué ce mercredi 11 novembre l'organisation de la Coupe du monde de football 2034 à l'Arabie Saoudite. Le royaume était le seul candidat après que l'Australie, l'Indonésie et la Chine ont renoncé à se présenter au vu de la procédure express. Les pays n'ont eu que 27 jours pour monter leur dossier de candidature. Le Mondial 2030 a par ailleurs été confié au trio Espagne-Portugal-Maroc.
L'organisation de cette Coupe du monde 2034 s'inscrit dans une stratégie de soft power de l'Arabie saoudite, qui veut se positionner en tant que superpuissance en gestation du sport mondial. Elle l'a déjà démontré avec la Formule 1 ou avec les futurs Jeux asiatiques d'hiver de 2029. Par le sport, le royaume ultraconservateur cherche à améliorer son image à l'international.
Les droits humains sont pourtant loin d'être respectés, tant les droits des femmes, ceux des travailleurs migrants ou encore ceux des personnes LGBT. L'homosexualité y est notamment considérée comme un crime passible de la peine de mort.
Des ONG inquiètes
La candidature de l'Arabie saoudite pour organiser la Coupe du monde 2034 a fait bondir les ONG qui défendent les droits humains. La coalition Sport & Rights Alliance, dont fait partie Amnesty International, avait demandé à la Fifa le 11 novembre dernier d'interrompre le processus de candidature du royaume dirigé par le Prince héritier Mohammed bin Salman.
"Les risques en Arabie saoudite sont si aigus qu’organiser la compétition dans ce pays entraînera probablement des violations graves et généralisées des droits", alertait Amnesty International. L'ONG s'inquiète particulièrement des conditions de travail des travailleurs migrants qui participeront à la construction et à la rénovation de 11 stades, de plus de 185.000 chambres d'hôtel et d'infrastructures de transports.
Dans son rapport d'évaluation de la candidature pour la Coupe du monde 2034, publié fin novembre, la Fifa assure que le pays avait fait un "effort significatif" en matière de droits humains. "La Fifa reconnaît les efforts considérables consentis dans le cadre de la préparation des propositions liées aux droits humains", écrit-elle dans son rapport.
À l'annonce de l'attribution ce mercredi 11 novembre, les ONG et les représentants de supporters ont estimé dans un texte commun qu'elle "met des vies en danger et révèle la vacuité des engagements de la Fifa en matière de droits humains" et regrettent que la Fifa ait "décidé d'ignorer [leurs] avertissements.
Des risques "à une échelle plus grande, plus sévère" qu'au Qatar
Depuis le Mondial au Qatar en 2022, la Fifa a intégré des critères relatifs aux droits humains dans son processus de sélection. Selon une enquête de The Guardian de 2021, plus de 6.500 travailleurs migrants avaient trouvé la mort sur les chantiers de la Coupe du monde depuis son attribution au pays du Golfe en 2010. En 2022, le Qatar avait quant à lui estimé ce nombre entre "400 à 500 morts". Dans son rapport d'évaluation, la Fifa a qualifié de "moyen" le risque de violation des droits humains par l'Arabie saoudite.
Selon Steve Cockburn, responsable du programme Droits du travail et Sport d’Amnesty International, les problématiques du royaume sont similaires que celles au Qatar mais "à une échelle plus grande, plus sévère". "On sent moins d’engagement de la part de l’État saoudien à s’attaquer aux problèmes. Au Qatar, nous avons au moins pu visiter le pays, rencontrer le gouvernement et effectuer nos recherches. Il y a eu aussi des réformes, souvent insuffisantes, mais qui ont eu le mérite d’exister. En Arabie saoudite, les portes sont fermées", explique-t-il dans un entretien accordé à So Foot.
Comme au Qatar, la compétition sera sûrement décalée à la fin de l'automne ou même en hiver afin d'éviter les chaleurs extrêmes de la saison estivale de cette région. Les organisateurs devront également composer avec le ramadan qui aura lieu en décembre.
- Ligue des champions : le PSG gagne 3-0 à Salzbourg et se relance dans la course à la qualification
- Équipe de France de football : combien gagnent les joueurs sélectionnés ?
- Kylian Mbappé : affaire en Suède, PSG, équipe de France... Ce qu'il faut retenir de son interview
- Coupe du monde des clubs : tout ce qu'il faut savoir sur cette compétition
