"Sommes-nous prêts ?" : le général Pierre de Villiers alerte sur le "retour du monde bipolaire", avec un "conglomérat" lié par la "haine de l’Occident"

Le général Pierre de Villiers, ancien chef d'État-major des armées, est l'auteur d'un nouvel ouvrage intitulé Pour le succès des armes de la France, dans lequel il appelle les dirigeants à anticiper les défis futurs en matière de défense et à adopter une vision stratégique.

Le général, qui a démissionné de sa fonction de chef d'État-major des armées en 2017, s'inquiète de l'instabilité mondiale actuelle. Il souligne que la paix, telle que nous l'avons connue, est révolue. Selon lui, la France doit se préparer à des défis sécuritaires majeurs, en anticipant les menaces plutôt qu'en réagissant à court terme.

"La question que je me pose, c'est sommes-nous prêts ? Sommes-nous prêts face à la situation mondiale très instable que nous vivons et que j'avais pressenti dès 2017 ? C'était l'objet de mon différend avec le président de la République", explique-t-il sur RTL. 

Le retour d'un monde bi-polaire

Pierre de Villiers met en garde contre un retour "très inquiétant" du "monde bipolaire" à une bipolarité mondiale, marquée par la montée en puissance de conglomérats anti-occidentaux. "Je sens ça depuis 2015, petit à petit, un conglomérat dont, finalement, la seule chose qu'ils ont en commun, tous ces états-puissances, c'est la haine de l'Occident et du grand Satan américain", assure-t-il. 

Cette situation, selon le général, est préoccupante et appelle à une réévaluation stratégique pour assurer la sécurité future. "On a besoin de passer d'une armée qui mène des opérations de guerre, avec une belle armée des soldats marins aviateurs capables d'aller jusqu'au bout, et je n'ai aucun doute là-dessus, mais il faut passer des opérations de guerre à la guerre. La guerre, ça nécessite la capacité à durer, l'épaisseur, la logistique, la formation... On n'en est pas là", regrette-t-il. 

Budget de la défense : un enjeu crucial

Le général met en lumière l'importance d'un budget militaire adapté aux besoins actuels. Bien que des efforts aient été faits pour augmenter les crédits, il estime que cela reste insuffisant. 

"On est 50 milliards aujourd'hui, mais quand vous enlevez l'inflation, et puis les huit milliards de report de charges, c'est-à-dire les crédits qui sont passés à autre chose que ce qui était prévu dans la LPM (loi de programmation militaire, ndlr), nous ne sommes pas dans cette augmentation majeure qu'il faudrait faire", affirme-t-il.

"Nous avons le même nombre de matériel majeur qu'en 2017. Nous avons 200 chars, 200 avions de combat, 15 frégates de premier rang. C'était la même chose en 2017. Nous avons bouché les trous avec l'augmentation de crédit qu'il y a eu. Mais il faut passer la surmultipliée", indique le général.

Service militaire : un début encourageant

Pierre de Villiers soutient l'idée d'un service militaire basé sur le volontariat, qu'il considère comme un moyen de réarmer les forces morales de la nation. Il voit dans cette initiative une opportunité de renforcer la cohésion nationale, essentielle face aux défis sécuritaires actuels. 

Cependant, il met en garde contre les obstacles à surmonter. "C'est un bon système, mais il y a beaucoup de déclarations depuis ces dernières années. Moi, je juge sur les faits. Il y aura trois problèmes. Un, budgétaire : il ne faudra pas amputer le budget des armées. Deux, la difficulté de l'infrastructure : nous n'avons pas d'infrastructure disponible. Il va falloir les construire, c'est long. Et trois : l'encadrement", énumère-t-il. 

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