Serge Lazarervic : Mohamed Akotey, le médiateur qui a permis sa libération

PORTRAIT - Déjà à la manœuvre dans la libération des otages français d'Arlit en 2013, ce Nigérien qui a étudié en France a joué un rôle clé dans la libération de Serge Lazarevic.

Mohamed Akotey a joué un rôle clé dans la libération de Serge Lazarevic

Crédit : AFP

Qui est Mohamed Akotey, l'homme clé de la libération de Serge Lazarevic

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C'est le lot de toute prise d'otage. L'État français l'a reconnu ce mercredi matin par la voix de Stéphane Le Foll : oui, la France a bien négocié pour faire libérer Serge Lazarevic. Même si le porte-parole du gouvernement s'est refusé à entrer dans les détails, c'est la première fois qu'un officiel tient ce genre de discours. Mardi, dans une formule diplomatique, François Hollande avait déjà remercié le Niger et le Mali pour leurs efforts intenses. Dans la foulée, un groupe touareg s'était empressé de revendiquer son implication dans l'opération en lâchant au passage le nom du négociateur. Un certain Mohamed Akotey.

Sur les premières images de Serge Lazarevic captées par les équipes d'iTélé à son arrivée à Niamey mardi soir, l'homme se tient en retrait, à droite de l'otage libéré. Un turban kaki lui recouvre la tête. Son nom est cité par l'otage français, avec celui du président nigérien Mahamadou Issoufou, au moment de remercier tous les hommes qui ont participé à sa libération. À 46 ans, Mohamed Akotey n'en est pas à son premier fait d'arme en la matière. En 2013 déjà, il a participé activement à la libération des otages français d'Arlit. Avant de s'imposer comme un intermédiaire incontournable dans le Sahel, l'homme a eu plusieurs vies, comme l'écrivait Jeune Afrique en 2013.

Un intermédiaire incontournable au Sahel

Né dans le village de Tidène, à 80 km au nord d'Agadez au Niger, Mohamed Akotey est issu d'une famille respectée du Sahel. Étudiant en géographie à l’université de Niamey, la capitale du pays, il gagne la France dans les années 1990 pour étudier l'archéologie à la Sorbonne. Sa vie bascule une première fois en 1995. Son oncle, Mano Dayak, cofondateur du Paris-Dakar avec Thierry Sabine et figure de la rébellion touarègue, décède dans un accident d'avion alors qu'il se rend à Niamey pour des négociations. Le profil intellectuel de son neveu en fait son remplaçant désigné. Akotey hérite alors des réseaux de son oncle et participe à la signature d'accords de paix entre rebelles et touaregs.

Tout s'enchaîne alors très vite. Conseiller en sécurité du général Ibrahim Maïnassara, président du Niger, à la fin des années 1990, ministre de l'Environnement et de la lutte contre la désertification du président Mamadou Tandja en 2007, il est nommé président du conseil d'administration d'Imouraren SA, la filiale régionale d'Areva à Agadez, en 2009. Une position qui l'envoie négocier avec les jihadistes d'Aqmi et d'Ansar Dine quand sept salariés du groupe, dont quatre français, sont enlevés sur le site du géant français à Arlit à l'automne 2010. Fort de ses relations dans les milieux touaregs, Akotey obtient finalement la libération des otages le 27 octobre.

Il a fait jouer ses réseaux touaregs

Lorsqu'il s'agit de faire libérer Serge Lazarevic, enlevé au Mali le 24 novembre 2011, Mohamed Akotey est tout naturellement une nouvelle fois au coeur des négociations. D'autant qu'à la tête d'Al-Ansar, la katiba qui a revendiqué l'enlèvement du Français, se trouve un parent d'Iyad Ag Ghali, fondateur du groupe islamiste Ansar Dine et chef de la tribu des Ifoghas à laquelle appartient aussi Akotey. L'homme fait jouer ses réseaux touaregs et ne compte pas ses allers-retours dans la région, où il laisse un lieutenant d'Iyad Ag Ghali traiter directement avec les ravisseurs, selon RFI.

Mais ses bonnes relations ne suffisent pas. La libération de Serge Lazarevic se fera contre une libération de prisonniers. L'otage français y fait lui-même référence dans la vidéo diffusée par ses ravisseurs le 17 novembre dernier. Il a donc fallu convaincre les autorités maliennes de relâcher plusieurs jihadistes de la prison de Bamako. Au moins quatre, selon diverses sources. Dont deux demi-frères qui étaient directement impliqués dans l'enlèvement de Serge Lazarevic et Philippe Verdon et auraient désormais retrouvés leurs familles dans la région de Kidal en même temps que le dernier otage français dans le monde retrouvait les siens.

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