Deuxième soirée de la convention républicaine, marqué par le discours à l’heure de plus forte écoute sur toutes les grandes chaines de la Première dame, Melania Trump. Un discours attendu, étonnant et très réussi.
Attendu parce que Melania Trump se tient à l’écart des regards et des micros depuis 4 ans. Ce n’est un secret pour personne qu’elle ne rêvait pas d’être Première dame, elle a tardé avant d’emménager à la Maison Blanche, elle regrette la tranquillité de sa vie avant la politique.
Son intervention à la convention il y a 4 ans avait été moquée parce que des passages entiers avaient été copiés collés d’un discours de Michelle Obama. Elle n’a pas l’éloquence de la précédente Première dame, non seulement elle n’aime pas parler en public, mais celle qui est née en Slovénie, est aussi mal à l’aise à cause de son accent. Pourtant la Première dame a dépassé ses craintes, pour prononcer un discours qui lui ressemble.
On sait qu’elle a travaillé son discours avec ses collaborateurs mais qu’elle ne l’a pas fait lire à l’avance par son époux ou l’équipe de campagne. On a entendu une tonalité très différente de celle de beaucoup d’autres intervenants, notamment de la famille Trump.
Deux exemples : c’est le premier discours depuis le début de la convention, et pour tout dire depuis des mois, de quelqu’un de la famille Trump qui s’adresse avec compassion, empathie et sincérité aux familles qui souffrent de la crise sanitaire, de la crise économique, sociale.
Quand le président en parle, il préfère porter un message du genre "ça va s’arranger". Melania Trump elle était plus en phase avec ce que vit le pays, en parlant de la douleur que vivent les familles, elle parlait de l’Amérique telle qu’elle est, pas telle que son mari aimerait qu'elle soit.
Deuxièmement, elle a montré de l'empathie aussi pour ceux qui manifestent contre le racisme. Évidemment elle dénonce les violences, même au nom de la justice. Mais elle a relié cela à l’esclavage, elle a raconté le souvenir marquant d’une visite au Ghana, sur la côte ouest de l’Afrique, d’où sont partis des esclaves vers l’Amérique. C’est un référence controversée dans la base électorale de son époux, en décalage avec beaucoup de messages qu’on entend à la convention.
Je vous donne ces deux exemples. Pour résumer elle ne s’adressait pas à la base de son mari, mais plus largement aux Américains, et notamment aux femmes américaines. Et c’est exactement ce dont a besoin son mari pour élargir son électorat. Car c’est surtout dans l’électorat féminin qu’il est distancé par Biden dans les sondages.
Bien sûr, elle a plusieurs fois évoqué son "Donald", pour l’humaniser. Elle attaque la presse plusieurs fois, dénonce les rumeurs, les potins, accuse les démocrates de vouloir diviser l’Amérique. C’était un discours très typique de Melania, mais elle reste quand même Mme Trump.