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Les chèvres créent de véritables barrières anti-incendie.
Crédit : Andrew Price/REX/REX/SIPA
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Alors que l'Ouest américain brûle, un reportage du magazine Society nous emmène au Portugal, le pays d'Europe le plus touché par les feux de forêts. On y fait la connaissance de Luis Fontinha. Luis qui n'oubliera jamais l’odeur du feu, l'odeur du pire jour de sa vie.
C’était en octobre 2017, le centre du Portugal avait presque disparu dans les flammes, ravagé par l’un des plus grands feux de forêt que l’Europe ait jamais connus. Le pays s'est consumé pendant cinq jours. On pouvait voir la fumée depuis l’espace. 50 personnes sont mortes. La moitié du village de Luis a été détruit. “L’herbe s’est enflammée si rapidement qu’on pouvait voir une lueur bleue au-dessus. Même les pierres ont brûlé.”
Luis a tout perdu et il a pensé à émigrer, comme beaucoup d’autres. Et puis il s'est souvenu de son grand-père, qui était berger. Alors il a acheté une douzaine de chèvres, deux ânes et une chèvrerie dans les collines. Et tout s'est passé comme il l'espérait. Au bout de quelques semaines, des voisins sont venus le voir, puis des propriétaires de résidences secondaires. Tous avec la même idée : lui louer ses chèvres pour protéger leur maison des flammes. Car les chèvres créent de véritables barrières anti-incendie. Quand elles mangent, elles nettoient le sol des broussailles inflammables et quand elles font leurs besoins, elles humidifient et fertilisent la terre. De contrat en contrat, le troupeau s’est élargi. En un an, il est passé de douze têtes à 180. Aujourd’hui, Luis s’occupe de 127 hectares de terrain. Au sommet de la colline, il montre des endroits au loin. “Le feu a tout détruit ici, là, et là-bas aussi. Mais seulement jusqu’ici. Vous savez pourquoi ?" : “Grâce au berger.”
Pourtant, il y a encore quelques années, dans l’imaginaire local, le berger se situait quelque part entre l’alcoolique et le crétin du village. Aujourd’hui, des projets comme celui de Luis il y en a une centaine au Portugal. L’État subventionne 50 bergers et leurs 11.000 chèvres avec le programme “chèvres sapeurs”. Des régions ont fondé des écoles de bergers. Et dans les zones rurales, c’est devenu une vocation comme une autre. Il y a même de jeunes Portugais qualifiés qui se reconvertissent, pas pour se mettre au vert mais pour protéger leurs pays du prochain grand feu.
Un petit câble qui casse et ça brûlera jusqu’à l’horizon"
Luis Fontinha, berger au Portugal.
Des feux qui font désormais partie du quotidien. Il y a une rubrique incendie dans les journaux télévisés, juste après la météo. Dans beaucoup de villages, des pancartes affichent les risques, de “moderato” à “máximo”. Les universités travaillent sur des systèmes de drones et de sondes pour les détecter plus rapidement. Mais à toute cette technologie il a fallu ajouter une touche de tradition.
Car l'horizon de Luis, ce sont des collines turquoise et vert clair, de l'eucalyptus, dit-il. Planté en masse sous la dictature de Salazar, qui se piquait de botanique et qui a fait du Portugal le deuxième plus gros exportateur mondial de papier. Mais les choses ont mal tourné car les forêts ne sont pas du domaine public, ce sont des terrains privés divisés généralement en toutes petites parcelles. Les propriétaires vivent à Lisbonne ou à l’étranger, ils ont hérité d’un morceau de terre et ils l’abandonnent, ou ils n’ont pas les moyens de l'entretenir et les communes n'ont pas les moyens non plus. Résultat : des milliers de kilomètres carrés envahis par la broussaille.
“L’État a créé ces immenses espaces forestiers, dit Luis, et puis il a tout abandonné, et nous avec, au milieu de cette masse inflammable ! Et ça dans l’un des endroits les plus secs et les plus venteux d’Europe!" Il pointe du doigt la colline opposée. Des eucalyptus, de la broussaille jusqu’à la taille. “Il suffit d’une étincelle, dit-il. Un petit câble qui casse et ça brûlera jusqu’à l’horizon.” Le reportage se poursuit dans un centre de recherche anti-feu. C'est dans Society, encore en kiosque cette semaine.
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