De hautes bâches noires desquelles dépassent des ogives de missiles. Voilà à quoi ressemblaient plusieurs stands d'industriels israéliens de l'armement exposant des "armes offensives" au salon aéronautique du Bourget, qui ont vu leur accès condamné lundi 16 juin, sur décision du gouvernement français.
Les stands d'Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael, Uvision, Elbit et Aeronautics ont été ceints de vastes panneaux en tissu noir, les fermant de fait au premier jour du plus grand salon aéronautique au monde, organisé tous les deux ans près de Paris.
La situation à Gaza "moralement inacceptable" impose de marquer "réprobation" et "distance", a fait valoir lundi le Premier ministre François Bayrou. "On ne peut pas affamer un peuple, on ne peut pas faire en sorte qu'il ne puisse plus avoir accès à l'aide humanitaire."
"La France considère qu'il y a là une situation terrible pour les Gazaouis, une situation humainement et du point de vue humanitaire, du point de vue sécuritaire, extrêmement lourde. La France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon", a-t-il réagi après avoir inauguré ce grand rendez-vous des industries de l'aviation et de la défense.
Depuis le déclenchement de l'offensive israélienne à Gaza provoquée par l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la délicate question de la présence d'industriels israéliens revient à chaque salon de l'armement sur le sol français, entre passes d'armes diplomatiques et procédures judiciaires.
Les Israéliens avaient été empêchés d'exposer en France au salon Eurosatory consacré à la défense terrestre au printemps 2024. Ils avaient ensuite été autorisés in extremis par la justice à exposer lors du salon Euronaval à l'automne.
En amont du salon du Bourget 2025, les autorités françaises avaient défini un cadre, accepté selon elles par l'ambassade d'Israël à Paris, selon lequel les armements "offensifs" ne pouvaient être exposés, a détaillé auprès de l'AFP le Quai d'Orsay. L'État hébreu dit de son côté avoir rejeté cette demande et qu'en réponse, "cette action unilatérale a été menée au cœur de la nuit", rapporte France Info.
Cinq des neuf exposants israéliens ont finalement présenté des maquettes de missiles, entraînant l'interdiction d'accès à leur stand. Les espaces de quatre autres exposants ainsi que celui du ministère israélien de la Défense demeurent quant à eux ouverts.
Rafael, Elbit et IAI produisent notamment des bombes guidées et des missiles, tandis qu'Uvision et Aeronautics font des drones.
"Le retrait des systèmes d'armes offensifs", demandé dimanche soir via les organisateurs du salon, "rompt avec les pratiques habituelles des expositions de défense dans le monde", a réagi le ministère israélien de la Défense, qui dénonce une "ségrégation". "Cette décision scandaleuse et sans précédent sent les considérations politiques et commerciales", a-t-il estimé.
Les entreprises israéliennes ont exporté pour 14,7 milliards de dollars d'armements l'an passé, talonnant les industriels français du secteur (18 milliards d'euros d'exportations) avec lesquels elles se livrent une concurrence féroce.
Le président israélien Isaac Herzog s'est lui dit "choqué". "Des entreprises israéliennes ont signé des contrats avec les organisateurs, ils ont payé. C'est comme créer un ghetto israélien. Je trouve cela scandaleux et cela doit être corrigé immédiatement", a déclaré lundi le chef de l'État hébreu sur LCI.
Pour le patron d'IAI, Boaz Levy, c'est "inacceptable" alors que "nous avons reçu toutes les autorisations nécessaires pour participer au Salon et avons fait tout ce qu'ils nous ont demandé".
Dans une déclaration transmise à l'AFP, il s'est dit lui aussi "choqué de découvrir que nous étions bloqués par des murs noirs construits pendant la nuit, ce qui nous rappelle les jours sombres où les Juifs étaient séparés de la société européenne".
Selon les organisateurs du salon, les cinq sociétés israéliennes dont les stands ont été interdits d'accès "sont pour autant autorisées à exposer au Salon". "Le dialogue est engagé de manière à ce que les différentes parties puissent trouver une issue favorable à la situation", ajoutent-ils.
Israël, qui poursuit son offensive à Gaza, a lancé vendredi une attaque massive sur l'Iran et son programme nucléaire. Téhéran riposte par des tirs de missiles.
"Je pensais que nous étions du même côté, l'Europe a besoin de se défendre, Israël aussi", se désole sous couvert d'anonymat un exposant israélien empêché d'accéder à son stand. "Une honte", juge-t-il.
Sur le panneau en tissu noir qui clôture le stand de Rafael, une exposante a écrit à la craie jaune un message en anglais et en français : "Derrière ces murs se cachent les meilleurs systèmes de défense utilisés par de nombreux pays. Ces systèmes protègent aujourd'hui l'État d'Israël. Le gouvernement français au nom de la discrimination tente de vous les cacher !". Un message vite dissimulé lundi matin par les organisateurs sous de nouvelles bâches noires en plastique.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte