Une affaire de symboles. La semaine dernière, la Fifa a rejeté la demande danoise de s'entraîner au Qatar avec des maillots portant le message "Human Rights for All" ("Droits humains pour tous"). "Nous n'allons pas du tout porter ce maillot", a confirmé le président de la Fédération danoise de football (DBU) Jakob Jensen.
La fédération danoise considérait que le message "n'était pas très politique dans le sens où il pouvait recevoir le soutien de tout le monde". La Fifa, qui interdit tous messages politiques, avait exhorté la semaine dernière les sélections à "se concentrer sur le football" et à ne pas l'entraîner "dans chaque bataille idéologique ou politique".
Hostile de longue date à l'organisation du Mondial au Qatar, la fédération danoise se veut en pointe sur la défense du respect des travailleurs migrants et des droits LGBT+ dans l'émirat.
Sur les maillots officiels du pays scandinave pendant la compétition, son équipementier Hummel a estompé ses logos en signe de "protestation" contre les autorités qataries.
Un maillot spécial qui, lui, n'a ainsi rien d'interdit. "Nous ne souhaitons pas être visibles pendant un tournoi qui a coûté la vie à des milliers de personnes", a expliqué la marque, en référence à un bilan des chantiers qataris vivement contesté par Doha. Selon Jakob Jensen, même si le maillot d'entraînement a été refusé, le "dialogue critique" entamé par sa fédération avec les autorités qataries et la Fifa est "en bonne voie".
Si les joueurs néerlandais vont rencontrer des travailleurs migrants et les Bleus français financer des ONG de défense des droits humains, la plupart des sélections, y compris d'autres très critiques comme l'Australie, entendent désormais se concentrer sur l'aspect sportif.
La sélection s'est envolée mardi pour le Golfe où d'éventuelles déclarations ou gestes symboliques de ses joueurs seront scrutés de près, tant par les militants des droits humains que par les responsables de la Fifa.
Au Qatar, l'équipe du Danemark ne pourra compter sur aucune représentation officielle. Le gouvernement a fait savoir ce week-end qu'aucun de ses membres ne serait présent pour la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde, ni d'ambassadeur. Motif invoqué : la Première ministre Mette Frederiksen a présenté la démission du gouvernement après sa victoire aux élections du 1er novembre et mène actuellement des négociations pour reformer un exécutif - même si les ministres assurent les affaires courantes.
"L'accent est mis actuellement sur la formation d'un nouveau gouvernement. Entre temps, le Danemark ne sera pas officiellement représenté à la Coupe du monde au Qatar", a expliqué la ministre des Sports Ane Halsboe-Jørgensen à l'agence danoise Ritzau. Une excuse pratique, souligne le quotidien Berlingske : "A moins d'une semaine du match d'ouverture, la ministre a été sauvée in extremis par les longues négociations. Ouf."
La monarchie ne sera pas non plus représentée pour la cérémonie d'ouverture dimanche : fan inconditionnel des Blancs et Rouges, le prince héritier Frederik a fait savoir qu'il s'alignait, comme annoncé, sur la position gouvernementale. "L'équipe nationale bénéficie de mon soutien total, où qu'elle joue dans le monde. Cette fois, je me réjouis d'encourager la sélection depuis chez moi", a-t-il expliqué lundi sur Instagram après avoir rendu visite aux joueurs danois.
À l'approche de la compétition, la nation demi-finaliste du dernier Euro entend ainsi mettre la pédale douce avant de notamment rencontrer la France le 26 novembre.
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