Mexique, Venezuela, Colombie : la guerre contre les narcotrafiquants est déclarée mais peut-elle être gagnée ?

Au Mexique, au Venezuela ou en Colombie, les opérations, souvent très violentes et sanglantes contre les narcotrafiquants se multiplient. Donald Trump a définitivement lancé sa guerre contre le trafic de drogue. Mais est-elle vraiment gagnable pour le président américain ?

À court terme, probablement pas. Même si, depuis que Donald Trump a approuvé des opérations clandestines de la CIA au Venezuela et a déployé une armada dans les Caraïbes, plus de 60 personnes sont mortes dans une quinzaine d’attaques contre des bateaux de ce que le président états-unien appelle des narcoterroristes.

Au Mexique, les cartels ont depuis longtemps caché leurs entrepôts de fabrication et de stockage. Ils ont également mis à l'abri leurs chefs dans des coins reculés à la campagne ou, au contraire, en milieux urbains densément peuplés. Les drones américains auront donc du mal à les atteindre. Et comme aucune guerre ne se gagne depuis les airs, il faudrait donc envoyer des troupes au sol. 

Des opérations qui comportent deux risques : des morts civils collatéraux ainsi que des soldats américains. Et cela renverrait une mauvaise image pour un président théoriquement non-interventionniste. 

Autre problème : dans quelle mesure les autorités mexicaines accepteraient-elles une intervention américaine ? Car les risques d'enlisement de ces opérations sont bien réels. 

Au Venezuela, une situation bien plus délicate

Au Venezuela, la situation serait encore plus difficile, car les États-Unis ne bénéficieraient d'aucun soutien local. Et pour cause : Donald Trump a mis la tête du président Nicolás Maduro à prix pour 50 millions de dollars, car il l’accuse d’être le cerveau du trafic de drogue.

Conséquence, le président vénézuélien a d'ores et déjà appelé les Vénézuéliens à former des milices d’auto défense. Pour lui, c’est une question existentielle : cette guerre contre les narcotrafiquants est, en réalité, une guerre pour un changement de régime à Caracas.

Pour ce faire, Washington n'aurait d'autre choix que d'intervenir au sol, avec encore plus de risques qu'au Mexique. Il faudrait alors trouver un régime de substitution et répondre, ensuite, aux besoins d’une population pauvre. Mais si les États-Unis savent imposer un dictateur dans un pays étranger, comme en Irak et en Afghanistan, ils sont de piètres bâtisseurs de l'après.

Une guerre aux multiples risques

Mais les Américains sont-ils prêts à une telle guerre aux résultats si incertains ? S'ils veulent la prise d'actions fermes contre les narcotrafiquants, ils ne souhaitent pas une escalade vers une guerre longue, notamment contre le Mexique. 

Or, la lutte contre les cartels ne peut se faire que dans la durée. Et, surtout, en partenariat avec les pays concernés. C'était notamment le cas dans le passé en Colombie lors de la guerre contre les FARC. 

Le public états-unien a également tout lieu de craindre des représailles de la part de ces cartels. Leurs ramifications pourraient commettre des actes criminels dans des villes aux États-Unis, y compris en s’en prenant à des responsables politiques. Et les spécialistes pointent un autre risque : celui de voir les cartels de la drogue financer des actes terroristes aux États-Unis. 

En résumé, Donald Trump s'est lancé dans une guerre sur de multiples fronts et sans autre véritable solution qu’un renforcement de la coopération avec les autorités mexicaines et qu’une intensification au Venezuela des frappes terrestres, aériennes et maritimes.

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