"Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux ?" : comment expliquer l'embrasement du Maroc et l'émergence de l'insaisissable Collectif "GenZ 212"

Un vent de révolte souffle dans les rues de Rabat, Marrakech, ou encore Agadir. Depuis plusieurs jours, le Maroc fait face à des manifestations sociales inédites organisées par le collectif "GenZ 212".

Ce groupe de jeunes Marocains, unis par un désir ardent de justice et d'égalité, a pris d'assaut l'espace public et réclame des réformes urgentes dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Dans la nuit de jeudi à vendredi, il a appelé à la démission du gouvernement.

Leur colère, attisée par la tragédie de huit femmes enceintes décédées à l'hôpital d'Agadir, s'est transformée en un cri collectif pour un avenir meilleur. Brandissant des drapeaux marocains, les manifestants scandent : "Le peuple veut la santé et l'éducation", dans le quartier commerçant d'Agdal, au centre de Rabat, la capitale marocaine. "Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux ?", demandent les manifestants. 

"On veut que l’argent public serve à des choses nécessaires, aux hôpitaux et aux écoles, et non pas à la construction de stades de foot", confie au Parisien un manifestant alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe d'Afrique des nations (CAN) en décembre et la Coupe du Monde en 2030. Des évènements sportifs qui ont nécessité des investissements colossaux. 

Un mouvement qui rejette la violence

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Ce collectif, dont les fondateurs restent anonymes, rassemble 150.000 membres sur sa page Discord et se définit comme un groupe de "jeunes libres" sans attache politique. Avant la récente mobilisation, le collectif a réaffirmé son engagement à "rejeter toute forme de violence" et a encouragé les manifestants à "maintenir le caractère pacifique" du mouvement.

GenZ 212, nommé d'après l'indicatif téléphonique du Maroc, se présente comme un "espace de discussion" abordant des sujets tels que la santé, l'éducation et la lutte contre la corruption. Le collectif affirme agir par "amour de la patrie et du roi", dans un contexte national marqué par de profondes inégalités, tant sur le plan territorial qu'entre les systèmes public et privé.

Trois personnes tuées par des gendarmes

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des violences ont éclaté dans le royaume suite aux manifestations. Selon le ministère de l'Intérieur et les autorités locales, trois personnes ont été tuées par des gendarmes agissant "en légitime défense" alors qu'elles tentaient de prendre d'assaut une brigade de gendarmerie dans le village de Lqliaâ, près d'Agadir, dans le but de s'emparer d'armes et de munitions, selon le ministère de l'Intérieur et les autorités locales.

"Les jeunes que j'ai vu vandaliser et casser à Salé n'ont rien à voir avec les jeunes de GenZ 212. Ce sont des voyous venus avec l'intention de vandaliser", a déclaré jeudi à l'AFP Hicham Madani, un résident de la ville.

Ces actes de violence, impliquant de nombreux mineurs, ont entraîné plus de 350 blessés au Maroc, principalement parmi les forces de l'ordre. Ils ont également causé des dommages matériels considérables, touchant des véhicules officiels et privés, ainsi que des bâtiments administratifs, commerciaux et sanitaires, selon le ministère de l'Intérieur.

L'Union européenne a appelé ce 3 octobre  "toutes les parties prenantes à maintenir le calme" au Maroc. "Nous reconnaissons l'importance de la participation des jeunes à la vie publique et appelons toutes les parties prenantes à maintenir le calme", a déclaré un porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni.

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