Italie : tout comprendre à la polémique autour de la Rai

Polémique et accusation de censure en Italie. L'écrivain antifasciste Antonio Scurati a été déprogrammé d'une émission de la télévision publique italienne ce samedi 20 avril, quelques jours avant la date anniversaire de la libération de l’Italie du fascisme (ce jeudi 25 avril). Ce spécialiste de Mussolini devait prendre la parole lors de l’émission Chesarà, sur la chaîne Rai 3. Le cœur de son discours se voulait critique envers la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia, concernant leur rapport ambivalent à la période fasciste. 

Suite à l'annulation de l'invitation d'Antonio Scurati, Serena Bortone, la présentatrice de l’émission Chesarà, s'est exprimé sur les réseaux sociaux. Dans une publication Instagram, elle indique avoir appris "avec consternation et par pur hasard" cette déprogrammation. Elle ajoute n'avoir obtenu aucune "explications plausibles" de la part de la Rai 3 pour justifier cette décision. 

Serena Bortone s'est également exprimée depuis le plateau de son émission. À l’antenne, elle a lu le monologue prévu par Antonio Scurati. "Le groupe dirigeant post-fasciste, qui a remporté les élections d'octobre 2022, avait deux façons d'avancer : répudier son passe néo-fasciste, ou essayer de réécrire l'histoire. Il a sans aucun doute pris la seconde route" a-t-elle notamment déclaré. Plusieurs médias italiens ont ensuite partagé le texte, comme le rappellent nos confrères du Huffpost. 

1800 euros et des "raisons éditoriales"

Selon la télévision publique italienne, la raison de la déprogrammation de l'écrivain concerne un tarif de 1800 euros, réclamé par Scurati. L'argument est également avancé par Giorgia Meloni dans une publication sur Facebook : "la Rai répond qu'elle a simplement refusé de payer 1800 euros (salaire mensuel de beaucoup d'employés) pour une minute de monologue". 

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Un document interne à la Rai relayé par la presse italienne, notamment par le journal La Reppublica, fait cependant état d'une déprogrammation de l'invité pour des "raisons éditoriales". L'affaire prend alors de l'ampleur et plusieurs journalistes de la télévision publique italienne dénoncent une censure, lisant en direct un communiqué de l'USIGRai, le Syndicat des journalistes de la Rai, lors des éditions d'information : "Nous sommes face à un système de contrôle qui viole les principes du journalisme (…) Nous luttons pour un service public indépendant et équilibré". Les journalistes du service public italien ont par ailleurs effectué une grève de cinq jours, refusant de devenir le "mégaphone du gouvernement".

Meloni et les médias

Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, le gouvernement de Georgia Meloni met la pression sur le service public, pour un plus grand contrôle de celui-ci. La Première ministre a commencé par nommer des proches à la tête de la Rai, comme le rappellent nos confrères de franceinfo. Selon la cheffe du gouvernement transalpin, la gauche a trop longtemps bénéficié d'une place de choix dans le monde médiatico-culturel. À la suite de cette reprise en main, plusieurs départs ont eu lieu parmi les journalistes des chaînes publiques ; pour rejoindre des médias privés.