INVITÉ RTL - Rébellion en Russie : Prigojine n'en "veut pas au président russe", affirme un spécialiste

La Russie fait face à une menace de guerre civile, samedi 24 juin, car le chef de la milice Wagner, qui combat en Ukraine pour le compte de l'armée russe, s'est mis en tête de renverser Moscou. Philippe Comte, spécialiste de la Russie, professeur honoraire à la Sorbonne, est l'invité de RTL.

Evguéni Prigojine, qui est à la tête d'une armée de 25.000 hommes, peut-il être pris au sérieux ? Philippe Comte a commencé par tempérer le fait que le chef de la milice Wagner voulait "renverser Moscou". "Son objectif est de faire écarter le ministre de la Défense Choïgou et le chef d'état-major, le général Guerassimov", a-t-il indiqué.

Le patron de Wagner leur reproche leur incapacité à mener la guerre en Ukraine. Pour justifier sa mutinerie, Evguéni Prigojine a assuré que l'armée russe avait bombardé des positions de sa milice en Ukraine. "La vidéo qui est disponible n'est pas certifiée, n'est pas authentifiée", a ajouté Philippe Comte.

Incarnation des "turbo-patriotes"

"Il n'en veut pas, ni au président russe, ni à la nation russe, ni au gouvernement, mais il en veut à deux personnes bien précises", a poursuivi le professeur. Selon lui, les 25.000 hommes de Prigojine ne représentent pas un nombre si important par rapport à l'armée russe.

Deux sondages récents ont montré que Prigojine était en train de monter dans l'opinion publique. "Il incarne un courant d'idées politiques, que l'on peut baptiser de turbo-patriote", a expliqué Philippe Comte. Ce courant est ulcéré de l'État de Poutine et de son fonctionnement, qualifié de "mafieux".

Selon le professeur, le possible ralliement de certains officiers subalternes de l'armée russe va inquiéter Moscou.