Enlisement ou non ? C'est bien là toute la question. Plus de 30 jours après le début de la guerre en Ukraine, les soldats russes semblent marquer le pas dans leur invasion et les conquêtes territoriales. Néanmoins, fidèle à lui-même, Vladimir Poutine se refuse à reconnaître un échec.
"Il n'est pas sûr que Vladimir Poutine soit conscient de la défaite de ses forces armées. Ensuite, la défaite n'est malheureusement pas définitive, ni complète", estime Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po et blogueur sur Tenzer Strategics.
En effet, si plusieurs milliers de soldats russes sont tombés au combat - jusqu'à 15.000 selon les bilans, les pertes pourraient être rapidement comblées. "Il peut parfaitement reconstituer ses forces et dans un futur proche revenir avec des troupes plus aguerries", prévient le directeur de la publication de Desk Russie. "Toute victoire est une bonne nouvelle, mais ne crions pas victoire trop vite", met-il en garde.
Une analyse confirmée par Carole Grimaud-Potter, spécialiste de la géopolitique russe et de l'espace postsoviétique à l'université de Montpellier. "Vladimir Poutine n'admettra pas sa défaite tant qu'il n'y aura pas de gains", explique-t-elle. Les gains en question ? Le Donbass, l'est de l'Ukraine ou encore Marioupol. "Ce sera le premier butin de guerre", poursuit-elle. Ce dimanche 27 mars, les dirigeants autoproclamés de Louhansk ont annoncé vouloir initier un référendum pour une adhésion à la Fédération de Russie. Un scénario quasi identique à celui que l'on avait pu déjà pu observer en Crimée en 2014.
Pour autant, cet échec est intimement lié à la qualité des soldats de Moscou, selon les spécialistes. "L'armée russe ne tient pas du tout ses promesses. Ses équipements ne sont pas au niveau et adaptés à la lutte", estime Nicolas Tenzer sur RTL.
Celui-ci qualifiant de "lâche" la multiplication des bombardements par la Russie pour dissimuler le fait que la guerre s'enlise. Une situation qui rend de plus en plus probable l'usage d'armes chimiques. "Un danger qui a été remis au cœur des attentions lorsque les Russes ont accusé les Ukrainiens de disposer de laboratoires (produisant des armes biologiques, ndlr)".