INVITÉ RTL - En Israël, "ils détestent tous Netanyahu", assure Joann Sfar

Écrivain, réalisateur, dessinateur, Joann Sfar publie Nous vivrons, enquête sur l'avenir des Juifs, près de 200 jours après l'attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas en Israël. Invité au micro de RTL ce 23 avril, l'auteur explique qu'il s'agit de "450 pages de portraits de juifs pour qu'on évite la déshumanisation et qu'on se rappelle qu'il y a derrière tout ça des individus broyés par leur destin".

Dans le cadre de ce nouveau roman graphique, Joann Sfar a interrogé des juifs de France et d'Israël, une cinquantaine. "Il y a une vraie communauté d'opinion sur le fait que ces gens veulent survivre, qu'ils ne veulent pas massacrer leurs voisins, des banalités, mais qui redonnent espoir, raconte-t-il. Il y a une peur de la disparition dans la société palestinienne comme dans la société israélienne et une lutte contre soi-même, une peur d'être emmené dans une déshumanisation du conflit qui conduirait à ne plus considérer l'autre comme un être humain".

Joann Sfar s'est donc rendu en Israël, où il a pu constater la manière dont est perçu le conflit. "Il y a une espèce d'aveuglement à ce qui se passe à Gaza, explique-t-il. C'est un petit pays, chacun a des morts, des blessés, des soldats dans la famille, donc la télévision israélienne ne montre que la vision israélienne".

Il y a des populations israélienne et palestinienne qui sont terrifiées par leur avenir et cette terreur amène les pires fantômes

Joann Sfar sur RTL

"Et en même temps, poursuit-il, ils détestent tous Netanyahu. Mais pas pour les mêmes raisons. Il y en a qui le détestent parce qu'il a laissé arriver le 7 octobre, il y en a qui le détestent parce qu'ils sont contre la guerre, il y en a qui le détestent parce qu'ils considèrent par les otages. Ça ne les empêche pas d'être terrifiés par le Hamas, de ne pas en vouloir à côté de chez eux".

Dans son nouveau livre, l'auteur du Chat du rabbin rapporte qu'à Tel Aviv, le débat est ouvert, peut-être plus qu'en France. "Aujourd'hui, les slogans, l'embrigadement, le manque d'éducation empêchent qu'on débatte. Avec des mots comme 'sionisme', 'génocide', on bloque la discussion. Je dis qu'il y a des populations israélienne et palestinienne qui sont terrifiées par leur avenir et que cette terreur amène les pires fantômes. En France, on pourrait créer un débat plus constructif."