Les forces de l'ordre marocaines sont intervenues mardi matin 18 mai pour stopper le flux de migrants vers l'enclave espagnole de Ceuta, après le départ sans entrave de milliers de personnes. De son côté, le ministre de l'Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, a affirmé dans la matinée à la télévision publique que "quelque 6.000 personnes" étaient entrées à Ceuta et "à cette heure, nous avons renvoyé 2.700 de ces personnes et nous sommes en train de continuer ces renvois". Lundi, la préfecture de Ceuta affirmait qu’il s’agissait d'un chiffre totalement inédit.
En outre, ce sont également 85 migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui ont franchi la frontière de l’autre enclave, celle de Melilla. Au total, ce sont près de 300 personnes qui ont essayer de la franchir selon la préfecture de ce territoire.
En conséquence, le dispositif de surveillance a été renforcé aux premières heures ce mardi autour du poste frontière de Fnideq, dans le nord du Maroc. Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des armes non létales pour disperser la foule. Certains ont tenté encore de se frayer un chemin vers l'enclave, d'autres ont rebroussé chemin.
Du côté des candidats à l'immigration clandestine, la détermination n'est pas entamée. Amal, 18 ans, venue d'une ville voisine avec son frère et deux amis, rapporte que beaucoup de leurs camarades ont réussi à franchir la barrière, et d’ajouter : "On est venu plus tard dès qu'on l'a su, on a essayé par la montagne mais la police nous a bloqués". "Je n'ai aucun avenir ici, mon but c'est de passer pour aller vers l'Europe", renchérit Souleiman, un de ses compagnons âgé de 21 ans.
"J'ai appris par Facebook qu'il était possible de passer, j'ai pris un taxi avec une amie car je n'arrive plus à nourrir ma famille", explique parmi eux à l'AFP Ouarda, 26 ans, une mère de deux enfants divorcée et au chômage. "Je n'ai pas peur : ou je meurs ou je passe", lance la jeune femme venue de la ville voisine de Tétouan.
Toute la nuit, des candidats, hommes et femmes de tous âges, certains très jeunes, sont passés par la plage pour rallier Ceuta en longeant la mer, sous les yeux des forces auxiliaires marocaines qui les regardaient sans intervenir.
Le président de l'Observatoire du nord pour les droits de l'Homme basé à Fnideq, Mohamed Benaïssa, cette nouvelle vague de migrations intervient dans un contexte où les tensions entre Madrid et Rabat sont fortes.
Les deux gouvernements sont alliés dans la lutte contre l’immigration clandestine, et pourtant, entre le début de l’année et le 15 mai, c’est 475 migrants qui sont arrivée à Ceuta. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, c’est plus du double par rapport à la même période l'an passé.
Fin avril, les relations entre l’Espagne et le Maroc se sont tendues. À l’origine du conflit, la décision de l’Espagne d’accueillir le chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali pour y être soigné. Cette décision avait provoqué l’exaspération de Rabat.
"La préservation du partenariat bilatéral est une responsabilité partagée, qui se nourrit d'un engagement permanent pour sauvegarder la confiance mutuelle (....) et sauvegarder les intérêts stratégiques de deux pays", a ensuite averti un communiqué des Affaires étrangères marocaines.
Le conflit au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole classée "territoire non autonome" par les Nations unies en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis plus de 45 ans le Maroc au Front Polisario, soutenu par l'Algérie. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination alors que Rabat propose une autonomie sous sa souveraineté.
Les tensions autour du Sahara occidental entraînent "immédiatement" une hausse des arrivées de migrants, constate Isaias Barreñada, professeur de relations internationales à l'Université Complutense de Madrid. Ceuta et Melilla constituent les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec l'Afrique.
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