Où est donc passé Sergueï Choïgou, le loyal ministre de la Défense russe ? Visage très familier des écrans de télévision, Vladimir Poutine et lui se mettent régulièrement en scène dans des séjours dans la taïga sibérienne, au volant de véhicules tout-terrain, buvant le thé ou cueillant des champignons. Toutefois, depuis deux semaines, Sergueï Choïgou se fait très discret, laissant planer le doute sur sa disparition, malgré le démenti de Moscou.
Le Kremlin a ainsi indiqué jeudi 24 mars que ce dernier avait informé le président de l'évolution du conflit en Ukraine, balayant les interrogations suscitées par l'absence d'apparitions publiques récentes. Précédemment, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov avait déjà rejeté des spéculations sur l'état de santé du ministre. "Le ministre de la Défense a beaucoup à faire actuellement (...) ce n'est pas vraiment le moment de faire dans l'activité médiatique", a-t-il dit.
Disgrâce ou non, côté américain, on explique que le ministre ne décroche plus son téléphone quand son homologue du Pentagone l'appelle. Fait aggravant, sur Instagram, une des filles du ministre est apparue en tee-shirt jaune, son bébé tout de bleu vêtu. Un supposé soutien à l'Ukraine fort malvenu quand on a un papa ministre russe de la défense.
D'autres sources à Moscou, citées par la presse britannique, font elles état de "problèmes cardiaques" pour expliquer la disparition du ministre, créant un peu plus de confusion autour du sort du ministre. Une discrétion qui intervient en tout cas au moment où des rumeurs de chasse aux sorcières bruissent du côté du Kremlin.
Car, selon le Daily Mail, Vladimir Poutine fulminerait en coulisses au sujet de la situation déplorable dans laquelle se trouve l'armée russe en Ukraine. Entre 150.000 et 200.000 hommes sous le commandement direct de Sergueï Choïgou. Dimanche dernier, une fuite d'un média d'état faisait état de près de 10.000 soldats russes morts dans les premières semaines du conflit. Un chiffre invérifiable, tandis que les renseignements américains parlent eux de plus de 7.000 morts coté russe, selon le New York Times.
Mais un autre élément serait à l'origine du courroux du président russe. Celui-ci serait particulièrement mécontent d'avoir vu ses plans d'invasion militaire de l'Ukraine arriver à Londres et Washington. Et bien que les communications représentent, selon les experts, l'un des talons d'Achille de l'armée russe, Vladimir Poutine rechercherait au sein de son entourage des "responsables" à ces fuites.
Ces informations auraient ainsi permis de cibler des généraux tel que Vitali Guerassimov, neveu du chef d’état-major Valery Gerasimov, que l'armée ukrainienne dit avoir tué près de Kharkiv début mars. Une information non confirmée par Moscou, même si Washington, de son côté, estime au total à une vingtaine le nombre de haut-gradés russes, dont au moins cinq généraux, tombés depuis le début du conflit, selon Foreign policy.
D'où le grand ménage que Vladimir Poutine opérerait actuellement dans son premier cercle pour évaluer la loyauté de ses conseillers les plus proches. Et ce au moment même où d'autres lui tournent le dos. Opposé à la guerre en Ukraine, Anatoli Tchoubaïs, ex-mentor de Poutine, a annoncé mercredi démissionner du gouvernement et quitter la Russie.
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