Les dirigeants de Renault ont vécu une très longue journée mercredi 23 mars. Première salve mercredi après-midi, devant le Parlement français. Le président ukrainien accuse Renault d’être un sponsor de guerre. Le chef de la diplomatie ukrainienne en rajoute une couche, en appelant au boycott mondial de Renault. "Les erreurs doivent avoir un prix" écrit-il sur les réseaux sociaux.
Fin de partie mercredi soir, 21h, à la sortie d’un Conseil d’administration de plusieurs heures. Le groupe annonce donc, suspendre ses activités industrielles. La pression devenait trop forte. C’est ce que racontait un dirigeant d’une autre entreprise présente en Russie. Il disait "le pire qui puisse arriver pour une entreprise, c’est d’être nommée ennemi public".
C’est ce qu'il s’est passé pour Renault. C’était d’autant plus difficile à tenir que le principal actionnaire du constructeur, c’est l’État français, qui se retrouvait aussi un peu bipolaire dans cette histoire, entre sanctions et profits.
On imagine que Renault se serait quand même bien passé de cette nouvelle polémique, d’autant plus que le groupe se remettait à peine du scandale Carlos Ghosn, l’ex-patron accusé par le Japon de malversations financières. Et le pire, c’est qu’au-delà de la morale, la Russie n’était même plus rentable économiquement en ce moment. L’usine Renault de Moscou devait déjà cesser ses activités. Renault Russie l’a dit. Pas en soutien à l’Ukraine, mais parce qu’elle n’arrivait même plus à tourner, à cause des pénuries de pièces d’assemblages et de composants électroniques
Donc vraiment, on peut le dire, c’est la bérézina pour Renault. Mais le constructeur français espère-t-il reprendre un jour ? L’entreprise quitte-t-elle définitivement la Russie ? Reprendre, dans la mesure du possible. Le communiqué dit : "les activités industrielles de Renault en Russie sont suspendues" et "le Groupe évalue les options possibles concernant sa participation dans Avtogaz". Avtovaz c’est le numéro 1 des constructeurs de voitures, Russes, aussi détenu par Renault.
On sent bien que les dirigeants sont gênés aux entournures. Car pour Renault, la Russie, c’était jusqu’à présent le deuxième plus gros marché en nombre de voitures : 500.000 véhicules par an, 45.000 salariés en Russie. Et surtout, son directeur général Luca De Meo prévoyait d’y investir, d’y faire plus de profits dans les années à venir. À l’heure actuelle, les profits sont donc revus à la baisse.
Donc c’est un peu le statu quo. Sachant que la Russie peut toujours décider de nationaliser sa propre production de voitures, mettant fin du même coup à l’aventure russe de Renault. Sachant aussi que partir pour Renault, ce serait ne jamais revenir. Parce que la nature a horreur du vide, et que les constructeurs Chinois n’attendent que ça, se glisser en Russie, dans les petits souliers vides des entreprises françaises. D’où le statu quo. La pause devenait la seule option possible. Se mettre au point au mort. Rentrer au garage, et attendre que la tempête se calme.
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