Vladimir Poutine peut-il encore gagner la guerre ? Un mois tout juste après le début
de l'offensive russe en Ukraine le 24 février dernier, la situation est sans doute plus difficile qu'il ne
l'imaginait. Mais quel prix reste-t-il prêt à payer pour parvenir à ses fins ? Peut-il encore envisager une porte de sortie diplomatique ? Quelles sont, à ce stade, les options sur la table ?
Les objectifs militaires de la guerre n'ont eux guère varié depuis le début : obtenir la "neutralité"
et la "démilitarisation" de l'Ukraine, autrement dit la
non-intégration de cette ex-république soviétique dans l'Otan. Le Kremlin ne mise en revanche plus forcément sur un renversement de Volodymyr Zelensky. "Le plan initial qui était probablement une guerre éclair permettant de
prendre très rapidement le contrôle de Kiev et de faire tomber le gouvernement
ukrainien n'a pas fonctionné", relève Marie Dumoulin, experte au Conseil
européen des Relations internationales (ECFR).
L'offensive russe bute sur une résistance ukrainienne inattendue qui
complique la donne pour le maître du Kremlin. "Poutine joue encore sur le fait que ça ne va pas durer, qu'il va finir
par s'imposer par la masse, quelles que soient les résistances sur le terrain",
estime Frédéric Charillon, professeur de Relations internationales à
l'université Clermont Auvergne et auteur de "Guerres d'influence".
"La question n'est pas tellement ce qu'il veut obtenir, mais comment et
à quel prix", renchérit Tatiana Stanovaya, chercheuse au Carnegie Moscow
Center. "Cela prendra du temps, causera plus de drames, mais il est convaincu
qu'il n'a pas le choix et qu'il est investi d'une mission
historique", celle du rétablissement de l'influence russe.
Si l'armée ukrainienne, prise en tenailles dans l'est du pays, s'effondre,
Moscou prendra potentiellement le contrôle d'un pays d'environ 40 millions
d'habitants. Mais la Russie risque aussi de se retrouver face à une situation
insurrectionnelle. "Il va falloir tenir le terrain. Rester maître d'un
territoire sous le harcèlement d'une insurrection",
pointe Frédéric Charillon.
Certains redoutent aussi une escalade militaire de la Russie, du recours à
l'arme chimique aux attaques de convois occidentaux acheminant aide militaire
et humanitaire à l'Ukraine.
"Le plus vraisemblable est que Poutine redouble d'efforts et qu'on
passe à une stratégie de guerre sale pour augmenter le coût humain pour les
Ukrainiens et les forcer à capituler", pointe Marie Dumoulin.
Si la situation s'enlise ou reste incertaine, Vladimir Poutine peut aussi sauver les apparences en arrachant des concessions politiques à Kiev et en encaissant des gains territoriaux. "La clé pour Poutine, c'est la force, la pression et la victoire. Il ne peut pas se retirer sans avoir obtenu quelques trophées", analyse Abbas Gallyamov, analyste politique russe indépendant. "Il a besoin d'un accord sur la neutralité de l'Ukraine. (...) Il veut aussi la reconnaissance (de l'annexion) de la Crimée et (de l'indépendance) des républiques séparatistes prorusses de Lougansk et Donetsk", estime-t-il.
Et si l'Ukraine ne souscrit pas à de telles exigences, la Russie pourra
toujours se prévaloir de gains territoriaux dans l'est du pays, avec un
objectif clé, assurer la continuité entre le Donbass, le port de Marioupol sur
la mer d'Azov et la Crimée au sud. "Il n'est pas exclu que les Russes essaient ensuite de pousser
l'offensive jusqu'à Odessa pour prendre le contrôle de l'ensemble du littoral
ukrainien sur la mer Noire", considère Marie Dumoulin.
Plus la guerre durera, "sans perspective de résolution rapide",
plus les tensions seront susceptibles de s'aggraver jusqu'à "la rupture du
système de pouvoir au Kremlin", considère l'Institut français de relations
internationales (Ifri) dans une note d'analyse. Certains acteurs du système, oligarques, chefs des services de sécurité,
pourraient être tentés de dire "stop" à Vladimir Poutine, voire de le renverser, veulent croire certains analystes.
"Pour l'instant, je ne vois aucun signe de la sorte dans l'élite russe",
tempère toutefois Tatiana Stanovaya. "Même si une partie de cette élite
est choquée par la guerre, elle n'est pas prête politiquement à se lever
contre", dit-elle.
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