Guerre en Ukraine : travail de nuit, cibles, système de points... Immersion avec les dronistes ukrainiens sur le front

Une unité composée de quatre hommes : un chauffeur, un artificier chargé des explosifs, un pilote de drone et un coordinateur. Le rôle de ce dernier est d'être en lien permanent avec le centre de commandement. Pour se rendre sur leur position, il faut se déplacer à bord d'un véhicule équipé d'un brouilleur électromagnétique pour ne pas se faire repérer par les drones russes car les Russes aussi ont recours à ces engins. 

"Le danger, ce sont les drones FPV, les drones kamikazes, et puis il y a les drones bombardiers qui peuvent lâcher plusieurs types d'explosifs. On peut tenter de leur échapper, mais c'est très difficile", explique le conducteur du véhicule.

Leur position est un minuscule bunker de béton enfoui sous une large couche de terre. Pour l'atteindre, il faut d'abord passer par un chemin de terre complètement défoncé par les passages répétés des tanks. À l'intérieur, un décor extrêmement spartiate, des murs nus et un unique bureau avec posé dessus une demi-douzaine d'écrans

Un travail de nuit récompensé par des points

Les soldats n'ont pas de détails précis sur leurs cibles. On leur indique uniquement s'il s'agit de viser des hommes ou du matériel, tank, char, ce qui leur permet d'adapter la charge explosive à installer sur leur drone. "On nous a ordonné de cibler une tranchée où se trouve un abri. C'est peut-être des soldats de l'artillerie ou peut-être des dronistes. On va les enfumer pour les faire dégager de là", indique un soldat.

L'unité ne travaille que de nuit parce qu'elle n'utilise qu'un seul type de drone : le drone vampire, équipé d'une vision nocturne. Pendant plusieurs heures, les soldats ukrainiens répètent les mêmes gestes. Ils arment d'abord le drone avec des explosifs. Ensuite, le pilote, les yeux rivés sur sa télécommande, l'emmène au-dessus des positions ennemies grâce aux coordonnées transmises par le centre de commandement. Il lâche ses bombes. Puis, le drone est rapatrié, rechargé en munitions et en batteries pour pouvoir recommencer.

L'armée ukrainienne a d'ailleurs mis en place un système de points, qui n'est pas utilisé par toutes les unités. Il a été mis en place pour inciter les hommes à améliorer leur performance, confie le commandement. S'ils blessent un soldat russe, ils obtiennent trois points. Un soldat tué en rapporte six. S'ils détruisent du matériel, d'artillerie notamment, la mise est encore plus importante. Et à partir de 12 points, l'unité peut demander à obtenir un drone supplémentaire ou un drone plus performant.