Dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 août, la responsable d'Amnesty International en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a annoncé sa démission dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Sa démission intervient après la parution d'un rapport de l'ONG reprochant aux forces armées ukrainiennes de mettre en danger des civils, ce qui a provoqué la colère de Kiev.
"Je démissionne d'Amnesty International en Ukraine", a affirmé Oksana Pokaltchouk dans son communiqué, reprochant au rapport publié le 4 août d'avoir sans le vouloir servi "la propagande russe". Amnesty avait affirmé vendredi dernier assumer pleinement son rapport, reprochant à l'armée ukrainienne de mettre en danger des civils dans sa résistance à l'invasion russe en installant des infrastructures militaires dans des zones habitées.
La publication la veille du document avait suscité la colère de Kiev. Le président Volodymyr Zelensky a même accusé l'ONG de "tenter d'amnistier l'Etat terroriste" russe, en mettant "la victime et l'agresseur d'une certaine manière sur un pied d'égalité". "Si vous ne vivez pas dans un pays envahi par des occupants qui le morcellent, vous ne comprenez probablement pas ce que c'est de condamner une armée de défenseurs", a ajouté la responsable d'Amnesty Ukraine.
La secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard, s'est déclarée "désolée" d'apprendre la démission d'Oksana Pokaltchouk, mais a ajouté qu'elle "respectait sa décision". "Oksana a été un membre apprécié du personnel d’Amnesty International et a dirigé son bureau en Ukraine depuis sept ans, avec de nombreux succès en matière de droits humains", a-t-elle souligné.
La responsable d'Amnesty en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a indiqué avoir tenté en vain de convaincre la direction d'Amnesty International que le rapport était partiel et ne prenait pas en compte le point de vue du ministère ukrainien de la Défense. Mais Amnesty a déclaré ne pas avoir eu de réponse à temps du ministère avant la sortie de son rapport.
Toutefois, selon Oksana Pokaltchouk, Amnesty a "donné très peu de temps" au ministère pour leur répondre. "Par conséquent, l’organisation a publié un rapport qui semblait involontairement soutenir la version russe. S’efforçant de protéger les civils, ce rapport est devenu un outil de propagande russe", a-t-elle déploré.
De plus, elle soutient que les appels de son équipe à ne pas publier le rapport ont été ignorés. Vendredi, Agnès Callamard avait assuré que les conclusions du rapport étaient "fondées sur des preuves obtenues lors d'investigations de grande ampleur soumises aux mêmes normes rigoureuses et processus de vérification que tout le travail d'Amnesty International".
Le rapport a été publié au terme d'une enquête de quatre mois, dans lequel Amnesty a accusé l'armée ukrainienne d'établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole, selon elle, le droit humanitaire international.
Amnesty a toutefois insisté sur le fait que les tactiques ukrainiennes ne "justifient en aucun cas les attaques russes aveugles" qui ont frappé les populations civiles. Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, s'est dit "indigné" par les accusations "injustes" d'Amnesty International qui, selon lui, crée "un faux équilibre entre l'oppresseur et la victime".
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