La guerre en Ukraine est-elle révélatrice de failles dans le système du renseignement français ? Face au manque d'anticipation de ses services sur le conflit russo-ukrainien, le général Éric Vidaud, directeur du renseignement militaire a été remercié ce jeudi 31 mars. Un choix dicté par le fait que la France n'a pas suffisamment vu arriver la guerre.
Des diplomates concèdent aujourd’hui une forme de "déni de réalité", alors même que 100.000 soldats russes étaient massés à la frontière ukrainienne quelques jours avant le début de l'invasion de l'Ukraine. Plusieurs raisons viennent expliquer ce constat accablant : la France a estimé qu’une guerre à haute intensité, engageant autant de moyens, serait trop coûteuse pour la Russie et d'autre part, les diplomates avouent, à mots couverts, qu'ils n'ont pas compris Vladimir Poutine, son nationalisme, son impérialisme et son rapport à l'Histoire.
Cette erreur est d'autant plus manifeste que les Américains ont répété à maintes reprises que l'invasion était imminente. Sur ce point, les diplomates européens n'ont pas hésité à ironiser, voire à se moquer, de ce qu’ils appelaient "l’hystérie américaine".
De leur côté, les Américains sont allés au bout de leur logique. Dès le 23 janvier, soit un mois avant la guerre, ils ont décidé d'évacuer leur personnel diplomatique sur place. Dès 2021, les États-Unis livrent des armes à l’Ukraine, notamment des missiles anti-aériens et anti-char, ce qui fait la différence sur le front aujourd’hui. Alors que Washington a tenté de secouer Paris et Berlin, voyant les mêmes signes côté Russe qu’avant l’invasion de la Crimée en 2014, aucune action concrète n'a été amenée par la France et l'Allemagne.
Les Européens ont manqué de confiance envers les Américains, qui avaient, selon eux, une seule source humaine bien introduite au Kremlin et il a donc été décidé de ne pas lui faire confiance.
La France se méfie des Etats-Unis depuis la guerre en Irak, en 2003, marquée par les fausses preuves d’armes de destructions massives pour justifier une entrée en guerre. La confiance dans les services secrets américains s’était alors effritée et apparaît donc comme l'une des raisons pour lesquelles la France n'a pas suffisamment agit en amont de la guerre en Ukraine.
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