Explosions de bipeurs au Liban : 6 questions pour tout comprendre

Le Hezbollah libanais a promis ce mercredi 18 septembre de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien et de punir Israël, au lendemain d'une attaque sans précédent qui l'a visé à travers le Liban.  

Des explosions qui ont fait 9 morts et près de 2.800 blessés, d'après le ministère de la Santé libanais. Et au lendemain de cette attaque inédite, par son ampleur et par la méthode utilisée, on s'interroge toujours sur la manière dont une telle opération a pu être montée.

Ce qui semble le plus probable aujourd'hui, c'est que ces bipeurs, ces petits appareils qui servent à recevoir un message écrit, ont été trafiqués avant d'être livrés au Hezbollah. Une analyse des bipeurs qui n'ont pas explosé est prévue dans les prochains jours, ceux qui étaient éteints, ceux qui n'étaient pas dans une zone de couverture. 

1. L'explosion a-t-elle pu être intentionnelle ?

Le Hezbollah avait commandé 3.000 de ces pagers. Un millier venait d'être livré au Liban, selon un responsable du Hezbollah. Mais la première piste, celle d'une surtension à distance, a vite été écartée. Une surtension désigne l'échauffement de la batterie électrique. C'est pourquoi, par exemple, que lorsque vous emmenez vos batteries en voyage, on vous demande de ne pas les mettre dans les soutes d'avion. Ce n'est pas possible quand on voit que tous ces bipeurs ont explosé en même temps à 15h30.

2. Les bipeurs ont-ils été trafiqués ?

Il semblerait donc qu'il y ait eu une intervention humaine sur ces appareils. Un petit explosif a bien été placé près de la batterie de chaque bipeur et l'explosion a été déclenchée à distance via l'envoi d'un message. Les bipeurs sont donc des modèles de l'entreprise taïwanaise Gold Apollo, dont la fabrication a été assurée par un sous-traitant hongrois. 

3. À quel moment auraient-ils pu être piégés ?

Le sabotage a eu lieu soit sur la chaîne de fabrication du bipeur, soit pendant la livraison de la commande. Il fallait donc savoir que le Hezbollah allait passer commande. Il fallait savoir ouvrir l'appareil, placer l'équipement, réemballer le pager comme si de rien n'était. C'est un mode opératoire réfléchi. Sur le long terme, ce n'est pas la signature d'une organisation criminelle ou terroriste, c'est bien l'opération d'un État avec un service de renseignement solide.

4. Comment Israël se défend ?

Tous les regards se tournent aujourd'hui vers Israël, qu'on accuse d'être à l'origine de l'opération. Mais silence radio radio du côté des autorités israéliennes. Les ministres ont d'ailleurs été priés de ne pas réagir. Ce qui est sûr, c'est qu'ici, les appels se sont multipliés ces derniers temps sur la nécessité d'une action forte contre le Hezbollah afin de rétablir le calme au nord du pays et pour que les dizaines de milliers de déplacés qui vivaient près de la frontière libanaise puissent rentrer chez eux. 

Le Premier ministre Benyamin Netanyahu lui-même a déclaré en début de semaine que le retour de ses habitants figurait désormais parmi les objectifs de guerre de son gouvernement.

5. Qui a été ciblé par ces explosions ?

Si l'opération a bien été menée par un Israël, c'est un sérieux coup infligé à leur ennemi le Hezbollah. Il faut souligner que le Hezbollah a été humilié. Ensuite, concrètement, la chaîne de commandement de l'organisation a été gravement atteinte et avec elle, du coup, la transmission des informations entre les dirigeants et les combattants puisque depuis quelques mois, les communications s'effectuaient principalement au moyen de ces bipeurs. 

Pour l'instant, néanmoins, pas de signe concret qu'Israël profite du chaos qui règne au sein du Hezbollah et enchaîne avec une action militaire. Il pourrait donc s'agir d'un simple message d'avertissement à la milice chiite.

6. Faut-il s'attendre à des représailles ?

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit s'exprimer jeudi et on s'attend en Israël à une réaction significative de la part de l'organisation qui, même si elle a subi un coup très dur, dispose de 100.000 combattants et d'un nombre bien plus important encore de missiles. 

Les médias israéliens soulignent que la réponse du Hezbollah pourrait être coordonnée avec d'autres milices soutenues par l'Iran, en Syrie, en Irak ou au Yémen. On apprend d'ailleurs que déjà, la nuit dernière, un drone a été tiré vers Israël depuis le territoire irakien. Il a été abattu en vol par des avions de combat israéliens.

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