En Égypte, est en en train de se construire une nouvelle capitale, une véritable cité de pharaons. Au pays des pyramides, le pharaon du moment, le maréchal Sissi, veut laisser sa trace. C'est à lire dans Paris-Match.
Pour l'instant, c'est une ville à moitié construite, une forêt de grues, un chantier de 700 kilomètres carrés. C'est sept fois Paris intra muros. Les ouvriers y accèdent dans des cars touristiques siglés Sphynx Travel ou Merveilles Travel. Ce sont des bus réquisitionnés puisqu'il y a plus de touristes. Cette oasis de béton en plein désert, les moqueurs l'appellent Sissy City. Le raïs, lui, l'a baptisé Al-Masa le diamant en égyptien. Elle va devenir la capitale administrative du pays, à 45 km au Nord-Est du Caire.
Entre les deux villes, il y a une heure de route chaotique. Et puis, soudain, une autoroute à six voies et un spectacle stupéfiant, une imposante mosquée capable d'accueillir 12.000 fidèles, dans son alignement, deux autres mosquées et la cathédrale copte Nativity of Christ, la plus monumentale du Moyen-Orient. Dix districts, 21 quartiers résidentiels. Impossible d'avoir une vue d'ensemble. C'est gigantesque. Le Parlement, avec sa coupole de 64 mètres de haut, s'ouvrira sur une esplanade et au milieu, deux alignements de sphinx pour rappeler l'allée de Karnak.
Il y a aussi un gigantesque centre culturel islamique dans le quartier des affaires : Iconic Tower détient déjà le record de la tour la plus élevée d'Afrique 80 étages, 385 mètres. Autre projet phare la Cité des arts et de la culture, qui abritera un immense opéra de théâtre et un musée. Il s'agit d'éduquer les jeunes générations, dit le ministre du Tourisme, pour les tenir éloigné de l'intégrisme.
L'objectif affiché, c'est de désengorger la vieille capitale, car l'Égypte grossit de 2 millions d'habitants chaque année. L'objectif moins affiché, c'est de mieux contrôler une éventuelle contestation. Al-Masa doit regrouper les ministères et les institutions. L'État a déjà annoncé qu'il ne pourrait plus assurer la sécurité des bureaux du Caire. Le quartier le plus impressionnant, c'est celui de la défense, sans surprise... Le palais présidentiel, lui, est un sanctuaire bancarisées. Il devrait faire huit fois la taille de la Maison Blanche.
Sur ce chantier titanesque, près de deux cent mille ouvriers travaillent, y compris pendant le confinement. Le projet a déjà coûté 45 milliards de dollars. C'est la Chine qui finance. Et de l'argent, il en faudra aussi pour vivre à Al-Masa. D'immenses pubs promettent des maisons chics avec jardin et piscine. Mais les appartements les plus modestes valent déjà 73.000 dollars et le salaire moyen en Égypte est de 4.800 dollars par an. Autant dire que le diamant ne pourra accueillir qu'une élite assez bien dotée.