ÉDITO - Donald Trump : la "parabole de la paille" décryptée par Étienne Gernelle

Voilà donc maintenant que Donald Trump veut le retour des pailles en plastique. "Back to plastic" s’est même réjoui le président américain sur les réseaux sociaux. Cela peut paraître dérisoire, ridicule, consternant – et en un sens ça l’est – mais cela mérite qu’on s’y arrête un peu, car c’est une allégorie du Trumpisme. Tout y est.

Alors résumons les faits. Donald Trump, donc, l’homme le plus puissant du monde, a annoncé lui-même sur les réseaux sociaux qu’il allait émettre un "executive order" pour annuler une décision de Joe Biden interdisant les pailles en plastique. Celles-ci sont souvent remplacées, comme en France d’ailleurs, par des pailles en papier. C’est à la fois dément et cohérent, mais on peut voir derrière cette mesure anecdotique une stratégie. Mais pourquoi Donald Trump fait-il cela ?

Un geste pour combler l'Amérique des fastfoods et des HillBilly

D’un point de vue environnemental, ça n’a aucun sens. Tout le monde connaît la raison de ces interdictions, la pollution plastique, qui finit dans les rivières et les océans, et les dangers pour la faune marine.

Mais les pailles, c’est un sujet "trumpien". Le président avait déjà fait une déclaration publique à ce sujet en 2020. Mais au-delà de la fixette personnelle, cette histoire raconte l’un des ressorts politiques du Trumpisme : l’attention portée à l’Amérique des fast-foods, ce que représente la paille.

Derrière ce sujet, la cible, c'est l’Amérique des HillBilly, un stéréotype américain qui désigne les cols bleus des zones éloignées, périphériques, pour reprendre une expression que l’on utilise en France. Trump cherche à toucher une Amérique se sentant méprisée par les élites new-yorkaises et californiennes. Il réconforte une Amérique qui prend mal les injonctions sur son mode de vie, fussent-elles, comme c’est le cas ici, motivées par de très bonnes raisons écologiques.

Il faut prendre Trump au sérieux

On peut d'ailleurs assimiler cette situation à celle de la crise des gilets jaunes. On se souvient du point de départ du mouvement : la taxe carbone. Celle-ci était, d’un point de vue écologique, également parfaitement rationnelle. Quelle leçon peut-on donc tirer de cette parabole de la paille en plastique ?

Donald Trump, c’est du sérieux, même quand il ne l’est pas ! Il faut prendre au sérieux ses délires, du Groenland en passant par la sortie des accords de Paris sur le Climat, car ils ont des conséquences. Il faut aussi prendre au sérieux ses initiatives rationnelles, comme son projet géant "Stargate" sur l’Intelligence artificielle. Enfin, il faut garder à l’esprit les ressorts du phénomène. Même les plus farfelus !