ÉDITO - Défense européenne : "L'urgence est plus que présente", selon François Lenglet

François Lenglet explique quels problèmes et quels atouts cernent l'Europe alors que l'enjeu de sa défense se fait de plus en plus imminent.

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LENGLET-CO - La construction rapide d'une industrie de défense, mythe ou réalité ?

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LENGLET-CO - La construction rapide d'une industrie de défense, mythe ou réalité ?

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Alors qu'Emmanuel Macron va recevoir en urgence le 17 février des dirigeants européens pour évoquer l'Ukraine. Beaucoup s'interrogent sur ce vieux fantasme, celui d'une défense européenne.

C'est une réunion double à laquelle il faut s'attendre. Il s'agit de trouver la bonne méthode pour s'inviter aux négociations entre Trump et Poutine, bien sûr. Mais aussi d'accélérer sur la défense européenne, puisqu'il est acquis qu'on ne peut plus compter sur les Américains. Voilà donc une évolution stratégique immense après 80 ans passés sous le parapluie des États-Unis. L'urgence est plus que présente, alors que la capitulation de l'Amérique face à Poutine va le conforter, ce qui augmente le risque d'une nouvelle agression en Europe. Mais dans ce chantier politique immense, par où faudrait-il attaquer ?

De nombreux obstacles qui s'opposent à une défense Européenne

Voilà l'inventaire des grands problèmes. Tout d'abord, les pays ne dépensent pas assez pour leur défense. Ça va de 1,3% du PIB en Espagne à plus de 4% pour la Pologne. La France est à 2%. Deuxièmement, les marchés sont fragmentés à cause de l'héritage national. L'Europe utilise 19 modèles de chars différents, 27 modèles de frégates et de destroyers, alors que ce ne sont seulement quatre employés aux États-Unis. Troisièmement, bon nombre de capitales achètent des armes non-européennes.

Voilà qui est paradoxal, quand même. Prés de 80% des achats d'armes sont faits en dehors de l'Europe, d'après le rapport Draghi. Quatrièmement, les pays ne sont pas d'accord sur les programmes industriels communs. Chacun tire la couverture à soi, la France étant d'ailleurs en tête. Enfin, on manque de matières premières. De tôles d'acier, par exemple, de poudre à canon ou d'explosifs parmi tant d'autres.

L'europe disposant de programes de défense ambitieux

Ce projet d'une industrie de défense constituerait un travail colossal. L'Europe ne part cependant pas de zéro. Plusieurs années de travail menées en particulier par Thierry Breton, ex-commissaire européen, sont en cours. Ceux-ci incluent notamment des programmes pour les satellites, la constellation Iris, la cybersécurité ou le système de combat aérien du futur.

De plus, la reconstruction de certaines filières de matières premières a permis de multiplier notre capacité de production d'obus par trois. C'est une base pour le moment avec une méthode, nécessitant d'être développée très vite. Mais pour y arriver, il faut énormément d'argent.

Un besoin d'argent urgent et conséquent

Les experts parlent de plusieurs centaines d'euros milliards sur 10 ans. Voilà qui est énorme, surtout pour un continent dont la démographie et la croissance sont déclinantes. Où va-t-on trouver tout ça ? S'endetter est une option. La clause pour permettre de dépasser les 3% de déficit en cas de crise, existe, et va être activée.

Le problème pour les Français, c'est qu'ils partent d'une situation des finances publiques qui est déjà très dégradée et va limiter leur capacité d'emprunt. Ça ne sera pas le cas pour l'Allemagne, qui risque bien de demander des contreparties industrielles. En fait, l'Europe a utilisé les dividendes de la paix ces 30 dernières années pour réduire le temps de travail ou encore étendre l'État-providence. Désormais, il faut revenir à l'essentiel, assurer notre sécurité !

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