L’application TikTok est au centre du grand jeu géopolitique. Quand on parle de la confrontation entre la Chine et les États-Unis, on pense spontanément au détroit de Taïwan, aux porte-avions, aux missiles et sous-marins. On pense un peu moins à une application de vidéos, surtout utilisée, du moins à l’origine, par des adolescents se trémoussant en musique.
Et pourtant, la bataille se joue aussi dans les smartphones. La chambre des représentants vient d’exiger de TikTok - qui compte 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis - de couper ses liens avec sa société mère, l’entreprise chinoise Bytedance. Faute de quoi elle pourrait être interdite.
Pourquoi ? Deux raisons : d’abord des soupçons de collecte extensive de données sur les Américains. D’autant que depuis 2017, la loi, en Chine, oblige les entreprises du pays à coopérer avec ses services de renseignement.
La deuxième raison, c’est le risque que les algorithmes de l’application soient biaisés pour servir la propagande de Pékin. C’est donc un enjeu de soft power. Il faut savoir que TikTok, est utilisé comme source première d’information par une bonne partie de la jeunesse américaine.
Alors certes, la Russie n’a pas eu besoin de posséder Facebook pour interférer dans la politique en Occident, ses fermes de trolls lui suffisent. Mais il est vrai que là, l’inquiétude est légitime. D’autant que l’ambiance, à Pékin est plus que jamais à la confrontation avec l’Occident.
TikTok est attaqué aux États-Unis comme Microsoft en Chine
La dernière session de l’Assemblée nationale populaire - le pseudo Parlement chinois -, qui s’est terminée lundi, a montré un durcissement du ton. Budget de la défense en hausse de 7,2%, soutien aux secteurs dans lesquels la rivalité économique avec l’Amérique est la plus tendue, comme les semi-conducteurs. Le tout sur fond de soutien réaffirmé à la Russie.
Et puis, ce détail qui n’en est pas un : une loi va obliger les grandes entreprises chinoises à remplacer d’ici 3 ans tous leurs logiciels étrangers par des logiciels chinois. En clair : TikTok est attaqué aux États-Unis comme Microsoft en Chine.
Alors le patron de TikTok a appelé cette nuit les utilisateurs américains à "se faire entendre". Ce qu’il fallait démontrer, ce n’est pas parce qu’on est une dictature qu’on n’y connaît rien en batailles d’opinion.
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