L’enquête en vue de la destitution de Donald Trump est entrée dans le vif du sujet. Mercredi 13 novembre, pour la première fois, des auditions se sont déroulées en direct à la télévision.
Imaginez l’équivalent en France. TF1, France 2, France 3, France 5, M6, C8, et les chaînes d’info, en direct, pendant 6 heures en édition spéciale, sans publicité, pour retransmettre les auditions de l'enquête parlementaire. Celle-ci doit déterminer si le président mérite d’être destitué pour avoir commis un abus de pouvoir, afin de nuire à son possible rival de la prochaine présidentielle.
Les deux premiers à être auditionnés ce mercredi étaient deux diplomates respectés, qui ont servi des présidents démocrates et républicains notamment l’ambassadeur par intérim en Ukraine, William Taylor, ancien officier du Vietnam, nommé par Trump à ce poste. Et son témoignage fait mal au président.
Il a utilisé des mots peu diplomatiques pour décrire la pression du président Trump sur son homologue ukrainien dans le but d'ouvrir une enquête sur le fils Biden. Selon lui c’était "alarmant", "déroutant". Il a même dit, à deux reprises, que c’était "crazy", "dingue".
Il a aussi révélé une information nouvelle. Un de ses collaborateurs a entendu une conversation entre le président Trump et l’ambassadeur auprès de l’Union Européenne : ce qui préoccupait le premier, c’était bien d’obtenir de l’Ukraine l’ouverture d’une enquête sur le fils Biden.
Et c’est important parce que cet ambassadeur, soutien de Trump, sera interrogé dans quelques jours. Soit il confirme, et c’est un témoin direct d’un chantage sur l’Ukraine, c’est donc un motif de destitution pour abus de pouvoir. Soit il dément, mais alors quelqu’un ment.
Quand cette affaire de destitution a commencé, cet ambassadeur a d’abord défendu vigoureusement le président Trump, mais il y a quelques jours, il a modifié son témoignage et admet qu’il a bien mis la pression sur l’Ukraine pour accepter un marché : des livraisons d’armes en échange de l’ouverture d’une enquête sur Biden.
Et Trump dans tout ça ? Il nie avoir entendu parler de ça. Il dénonce une mascarade, une chasse aux sorcières. Il affirme même ne pas avoir regardé cette première audition, pas une minute, alors qu’il a envoyé une trentaine de tweets à ce sujet.
C’est un processus politique : chaque camp cherche à convaincre les Américains. Dans la dernière enquête du Wall Street Journal et NBC, 49% des sondés veulent que le président soit destitué et quitte le pouvoir, 46 % s’y opposent.