C'est l'image de la nuit. Des Américains de l'État du Montana ont été surpris en levant les yeux au ciel le 1er février dernier, car ils ont aperçu un énorme ballon blanc dans le ciel. "Ça, ce n'est pas le soleil", s'étonne un habitant de Billings. "Et d'après ma petite carte du ciel, ce n'est pas une planète. Alors si quelqu'un a la réponse ?".
Alors ce n'est ni une deuxième Lune ni une planète, mais un ballon espion chinois supposé qui survole l'Amérique du Nord. Le Pentagone dit ne pas avoir de doute sur ce ballon d'au moins 30 mètres, grand comme trois bus, selon les officiels américains. Sur des photos, on voit clairement une forme ronde, comme une montgolfière toute blanche, presque transparente et alimentée par des panneaux solaires.
Le Montana, au dessus duquel l'engin est stationné, abrite des installations militaires, notamment des missiles intercontinentaux. Mais il n'y a pas eu de faille de sécurité, affirme le Pentagone, qui a dissuadé Joe Biden de détruire le ballon espion. Des chasseurs ont bien décollé, mais les débris de l'explosion auraient pu blesser ou tuer des Américains au sol.
Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a précisé que le commandement de la défense aérospatiale des États-Unis surveillait la trajectoire du ballon. "Le ballon vole actuellement à une altitude bien au-dessus du trafic aérien commercial. Il ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol", a-t-il dit.
Le ballon est entré dans l'espace aérien des États-Unis "il y a environ deux jours" mais le renseignement américain le surveillait déjà, selon cette source, qui a ajouté que ce n'était pas la première fois que l'armée américaine constatait une telle intrusion.
"Clairement, ce ballon est destiné à la surveillance et sa trajectoire actuelle l'amène au-dessus de sites sensibles" notamment des bases aériennes et des silos de missiles stratégiques, a assuré le haut responsable de la Défense américain. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que le ballon provient de la Chine", a précisé, sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable américain de la Défense.
La tension monte en tout cas. Le speaker de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, demande une réaction de Joe Biden. Et les Américains ne sont pas les seuls à réagir. Le Canada annonce ce vendredi matin surveiller le même type d'engin. Ce n'est pas encore très clair. Est-ce un deuxième ballon espion ou le même ? Le Montana a une frontière avec le Canada.
Selon le ministre de la Défense, le pays, en tout cas, surveille son espace aérien et précise que les Canadiens sont en sécurité. Cet incident exceptionnel survient alors qu'Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain, sera à Pékin dimanche 5 février si sa visite est maintenue.
Pour le Général Dominique Trinquand, ex-chef de la mission militaire auprès de l'ONU, contacté par RTL, c'est inédit. "C'est la première fois que j'entends parler de ballon chinois qui dérive de cette façon-là", dit-il. Plus que le ballon en lui-même, c'est sa présence dans ce contexte, qui intrigue le général. "C'est très intrigant, surtout que les Chinois se doutent bien que cela ne va pas passer inaperçu. Donc il y a un aspect déstabilisant avec ces ballons", selon Dominique Trinquand.
Vendredi, Pékin a dit vérifier les informations américaines et a appelé à ne pas "monter les choses en épingle".
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