ENQUÊTE RTL - Du poulet brésilien atteint de la grippe aviaire dans nos assiettes ?

C'est une découverte peu appétissante qu'ont faite au printemps 2024 des inspecteurs de la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne. Ils sont allés réaliser au Brésil un audit du 15 avril au 3 mai pour voir comment les autorités du pays géraient le risque de grippe aviaire dans le secteur de la volaille.

Ces contrôles concernaient les exploitations exportant des produits vers l’Europe. Rédigé en octobre dernier, le rapport issu de cet audit conclut que le système de surveillance des élevages mis en place au Brésil "fournit des garanties suffisantes (...) pour que les produits susceptibles d’être exportés vers l’UE le soit, sauf en ce qui concerne la surveillance de l’influenza aviaire hautement pathogène".

Le rapport parle de faits "particulièrement préoccupants" qui peuvent entrainer l’apparition de foyers de contamination non détectés".

Pas de protocole pour l'abattage des volailles

Donc des cas peuvent se déclarer, mais ne sont pas systématiquement portés à la connaissance des autorités sanitaires du pays. Le rapport souligne "la faiblesse des critères encadrant les déclarations de suspicion de cas".

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Et encore pire, si un cas était découvert, les protocoles des entreprises auditées par l'Europe "ne contenaient aucun modus operandi pour l’abattage des volailles". Ce qui signifie que les poulets pourraient être commercialisés quand même et donc mangés. 

Des défaillances importantes

Les inspecteurs dénoncent des défaillances importantes dans le système de contrôle brésilien. Tout en rappelant qu'il s'agit moins d’un sujet de santé publique (il n’y a pas de risques pour la santé de consommation de cette viande une fois cuite) que d’un sujet de concurrence déloyale pour nos agriculteurs. 

Car en Europe, quand un cas est signalé, tout le cheptel doit être éliminé. Ce qui entraine aussi des impacts sur les relations commerciales à l’export des pays concernés : par exemple, la Chine, premier importateur mondial, "impose un embargo total sur toutes les importations d’un pays quand un cas est déclaré ce qui a des conséquences économiques immenses pour le pays exportateur". 

L'Europe importe plus de 300.000 tonnes de volailles chaque année

Ce rapport a conclu que les "faiblesses des contrôles brésiliens permettent au premier producteur et exportateur mondial de ne pas mettre en danger ses parts de marchés comparés aux autres producteurs de la planète".

Les entreprises brésiliennes de volailles ont-elles déjà caché des cas pour ne pas être pénalisées à l'export ? Avons-nous en Europe importé et donc consommé de la viande de volailles infectées ? En tout cas, le système de contrôles mis en place dans ce pays ne permet pas de l'infirmer.

Au Brésil, seuls des cas sur des oiseaux sauvages ont été signalés, depuis l'apparition du virus dans ce pays en mai 2023. Mais aucun élevage n'a officiellement été touché.

Le Brésil est aujourd'hui le premier exportateur mondial de volailles. L'Europe importe plus de 300.000 tonnes chaque année et l'accord qui pourrait être signé avec le Mercosur prévoit 180.000 tonnes supplémentaires.