Surtourisme : "Ils ne respectent ni la ville, ni les habitants", déplore le maire d'Étretat sur RTL

Cannes et Nice débordées, le Mont-Saint-Michel pris d'assaut, Annecy qui ne fait même plus la promotion de sa ville car envahie chaque année par 3,5 millions de visiteurs, Montmartre à Paris qui craque face à l’afflux de touristes étrangers… Les exemples de communes touchées par le surtourisme en France sont légion.

Pour mieux mesurer ce phénomène, Jérôme Devouge, fondateur de la start-up Ville de Rêve, a mis en place un classement des villes de plus de 10.000 habitants les plus touchées, grâce à un "Touriscore", inspiré du Nutriscore utilisé pour les aliments. Il s’est appuyé pour cela sur plusieurs critères : le taux de meublés touristiques dans les centres-villes, les logements transformés en Airbnb plutôt que vendus à des particuliers, et la densité de bars et de restaurants, indicateurs de ce qu’il appelle des "nuisances festives".

À partir de ces critères, parmi les 300 villes analysées, on retrouve Annecy, classée E, tout comme plusieurs villes du Sud comme Cannes, Nice, Antibes, mais aussi Avignon, Aix-en-Provence, ou des villes de la façade Atlantique comme La Rochelle (classée D), ou Bayonne, dans le Sud-Ouest. Bref, des villes essentiellement situées dans la moitié sud du pays. Mais le nord est désormais lui aussi concerné : "S’il y a une prépondérance dans le sud-est, le surtourisme est un phénomène national", confirme Jérôme Devouge. Et cela représente une véritable nuisance pour les habitants.

L'appel du maire d'Etretat pour un tourisme plus respectueux

Certaines villes sont littéralement envahies par les locations Airbnb, représentant parfois 20 à 30 % des logements du centre-ville. C’est notamment le cas à Étretat, où un million et demi de touristes déferlent chaque année. "Je crois qu’on est la première ville de France si on prend la péréquation entre le nombre d’habitants et les locations. Et ça devient dramatique", déplore le maire Andrée Baillard. 

"Ce que je souhaite surtout, c’est un tourisme plus respectueux des lieux", lance-t-il encore, comme un appel aux visiteurs qui ne respectent ni la ville, ni ses habitants, ni même les consignes de sécurité qui leur sont données.

Dans cette ville célèbre pour ses falaises, de nombreux accidents mortels ont été recensés en raison de l’imprudence de certains touristes. "Le problème, c’est que quand les gens font n’importe quoi, ça pénalise aussi les habitants. On a été obligés de prendre un arrêté municipal et préfectoral interdisant le passage d’une plage à l’autre par les galets, parce que les gens ne respectaient ni les horaires de marée, ni les zones de danger, et passaient sous les falaises", pointe encore l'édile. 

 Autre fléau local : le vol de galets. Une pratique interdite mais répandue. "Les gens repartent toujours avec les galets de la plage. Ils ne comprennent pas que le galet est un rempart contre les tempêtes", explique encore André Baillard. Résultat, la ville aurait perdu au moins 20.000 tonnes de galets affirme-t-il.

Pour ceux qui veulent fuir le tourisme de masse, Jérôme Devouge recommande d’éviter les villes classées D et E, ne serait-ce que pour soulager les habitants et passer des vacances plus agréables. Parmi les villes classées A ou B, on retrouve par exemple Aubagne, Saint-Nazaire, Valence ou La Seyne-sur-Mer.