Siemens, engagé avec Mitsubishi dans la bataille pour conquérir Alstom, n'a négligé aucun moyen ce mardi 17 juin pour rallier l'Etat, les administrateurs et salariés de l'industriel français et mettre hors jeu General Electric, qui n'a pas dit son dernier mot.
Le groupe allemand a défendu "une grande alliance industrielle qui offrirait un nouvel avenir à Alstom, au lieu de consacrer son démantèlement", selon les mots du président de son conseil de surveillance, Gerhard Cromme, sur le perron de l'Elysée.
Un projet "supérieur aux autres", a renchéri Joe Kaeser, le patron de Siemens, lors d'une conférence de presse à Paris, avec son alter ego japonais de Mitsubishi Heavy Industries (MHI), Shunichi Miyanaga. Les deux dirigeants ont rencontré les syndicats d'Alstom puis François Hollande, avant d'aller défendre leur projet à l'Assemblée nationale.
Le conseil d'administration d'Alstom a exprimé sa préférence pour l'offre du géant américain GE, mais Siemens et MHI, en concoctant une solution combinant rachat partiel et alliances, ont tout fait pour avoir les faveurs de Paris.
Le Premier ministre Manuel Valls a beau affirmer que le gouvernement n'a "aucune préférence", le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, privilégie un partenariat préservant l'intégrité du fabricant du TGV et fournisseur d'EDF. "Tant qu'il sera possible, nous souhaitons que les offres puissent être améliorées", indique-t-on à l'Elysée.
GE offre de racheter la totalité du pôle énergie d'Alstom (70% de son chiffre d'affaires) pour 12,35 milliards d'euros. Siemens se contenterait de l'activité de turbine à gaz, pour 3,9 milliards d'euros. MHI propose trois coentreprises dans lesquelles Alstom resterait majoritaire, notamment dans les turbines à vapeur, utilisées dans les centrales nucléaires.
Parallèlement, le Japonais propose de racheter 10% du capital d'Alstom à Bouygues.
Problème : dans ce qui s'apparente à une fin de non recevoir, le géant du BTP a déclaré à
souhaiter "rester un actionnaire de long terme d'Alstom à hauteur de 29,3%", soit sa participation actuelle.
Siemens et MHI avancent que leur proposition valorise le pôle énergie d'Alstom à 14,2 milliards d'euros. "Nous sommes plus compétitifs", a fait valoir Kaeser. Mais l'architecture de l'opération est jugée "complexe" et la gouvernance "très compliquée" par plusieurs connaisseurs du dossier.
Pour apaiser les craintes, Miyanaga a assuré qu'Alstom resterait maître à bord. Il a également affiché son souhait de voir l'Etat français participer au capital d'Alstom "au moins" à parité de celle de son groupe, une éventualité à laquelle Siemens n'est "pas hostile", a indiqué Christophe de Maistre, PDG deSiemens France. Cette prise de participation de l'Etat pourrait se faire via Bpifrance.
Sur la question de l'emploi, sensible pour le gouvernement, le tandem germano-nippon promet de créer plus de 1.000 postes en France, comme GE, et 1.000 contrats d'apprentissage. Enfin, Alstom resterait un groupe français coté à Paris.
"Dire que c'est totalement satisfaisant, ce n'est pas vrai dans la mesure où l'activité turbine à gaz disparaît et qu'il reste une inconnue sur la consolidation de la partie transport", mais au moins, "Alstom garderait sa cohésion", a réagi Jean-Yves Hemery, secrétaire général de la fédérattion CFE-CGC métallurgie.
Déterminés à créer un champion européen du ferroviaire
Gehrard Cromme
"Dans les transports, nous sommes absolument déterminés à créer un champion européen du ferroviaire. Pour cela, Siemens est disposé à apporter à Alstom l'ensemble de ses activités ferroviaires", a répondu, comme en écho, Gehrard Cromme.
De là à créer "l'Airbus du rail" cher à Arnaud Montebourg, le chemin sera long, d'autant que les deux groupes ont vécu des décennies d'âpre rivalité.
Siemens souhaite de toute façon "procéder par étape", et subordonne toute discussion sur le transport à la "signature" d'un accord "sur le volet énergie".
Le dernier mot reviendra à Alstom. Son comité ad-hoc devrait rendre son avis sur les deux offres ce week-end, avant un conseil d'administration lundi 23 juin, jour de l'expiration de l'offre de GE.
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