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Le TGV M en test à Velim en République Tchèque
Crédit : Arnaud TOUSCH / RTL
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Par -5 degrés, lancée à 200 km/h, la longue masse blanche du nouveau TGV de la SNCF fend la campagne tchèque. Alors pourquoi en République Tchèque ? "En France, toutes nos lignes sont empruntées par des trains commerciaux, l’avantage de cet anneau, c’est qu’on est tout seul. On ne risque pas de perturber le service commercial en cas d’incident", explique David Goeres, directeur de projet TGVM à la SNCF
Le circuit d’essai de Vélim, situé à 1h de Prague, la
capitale du pays, possède un anneau de plus de 13 km qui permet de faire
circuler des trains à haute vitesse et de faire le tour en 4 minutes. Le TGVM
est en test depuis le mois de décembre et le sera jusqu’au mois d’avril.
"C’est comme un circuit de formule 1 et ici, nous pouvons aller jusqu’à 200 km/h" détaille Philippe Lucchese, directeur de la mise en exploitation du TGVM pour SNCF.
Le TGV d’essai est aménagé comme un laboratoire où des ingénieurs relèvent tous les paramètres en temps réel. L’occasion pour les équipes de modifier certaines choses. Un peu partout dans la rame, il y a des poids, pour simuler la présence de sièges à bord puisque la rame est vide. "Nous maltraitons le train, on va lui faire subir toutes les agressions qu’il pourrait subir dans sa vie, on met par exemple du savon sur les voies ce qui simule la présence de feuilles l’automne. On lui fait faire des freinages d’urgence également."
Cette étape est essentielle pour ALSTOM et la SNCF qui ajustent les derniers réglages en fonction des tests effectués à haute vitesse.
Avant d’arriver en République tchèque, la rame a été testée
à 30 km/h à Bellevue à La Rochelle chez Alstom. La rame d’essai numéro 2, va circuler sur le réseau français
dès le mois de mai. Toujours sans passagers.
La cabine à l'avant a également été repensée. "La cabine de conduite a été conçue avec les
conducteurs pour travailler l’ergonomie". Pour autant, elle n’apparait
pas comme idéale ou révolutionnaire chez certains conducteurs interrogés. Pourtant,
des écrans ont remplacé les anciens cadrans.
Le TGVM sera sur les rails français fin 2024. Il sera le nouveau visage de la SNCF pendant les 30 prochaines années. Son nez, plus plat et plus profilé que l’actuel, interpelle au premier regard et pour la première fois, la rame d’essai a pu circuler à haute vitesse. "Grâce à ce nez profilé, c’est 30% de consommation d’énergie en moins", se félicite David Goeres, directeur de projet TGVM à la SNCF. "Ce nouveau train va d’abord remplacer nos TGV à un seul niveau, et là c’est 50% d’énergie en moins par passager grâce au TGVM", abonde le cadre de la SNCF, soulignant les coûts de l’énergie en ce moment.
Et pourtant, les premiers coups de crayons sont intervenus
en 2015 lorsque la SNCF a manifesté son intérêt auprès d’ALSTOM. "Ces
rames vont vivre 30-35 ans, il faut donc qu’elles fassent face aux nouveaux
enjeux", explique David Goeres qui se souvient avoir du anticiper les
changements climatiques à venir.
D’ailleurs, dans quelques semaines, le TGV sera également
testé à Vienne en Autriche, où il sera soumis à des conditions climatiques extrêmes
en laboratoire. Il devra supporter des chaleurs au-delà de 50 degrés et des
températures négatives. Les ingénieurs simuleront également des vents atteignant
160 km/h.
À l’intérieur, les voyageurs fréquents ne verront pas une
grande différence. Le TGV sera toujours sur 2 étages et n’ira pas plus vite non
plus. En revanche, l’éclairage a été atténué pour créer une ambiance plus
feutrée pour plus de confort. "Les baies vitrées ont été agrandies pour
laisser rentrer la lumière naturelle à l’intérieur des voitures", explique
Florence Rousseau, directrice marketing du projet TGVM à la SNCF.
"Les sièges ont été étudiés avec une nouvelle technologie.
C’est un peu comme un siège au bureau avec une maille 3D. Elle épousera la
forme du corps. Il sera plus fin pour donner plus de place aux genoux."
Ce TGV pourra également embarquer plus de passagers :
jusqu’à 740 places au lieu de 634 places actuellement dans les OUIGO. Et jusqu’à
600 places pour les TGV InOUI, soit 20% de plus par rapport à l’actuelle
configuration.
Tout au long de la conception, des clients SNCF ont été
consultés, tout comme des associations d’usagers et même ceux qui ne prennent
pas le train ont été interrogés sur leurs attentes. Les sièges sont d’ailleurs
testés en ce moment par des clients lambda qui donnent leurs ressentis et grâce
à cela des modifications sont apportées. Ensuite, il sera trop tard.
Le siège
est une donnée essentielle pour SNCF Voyageurs et certains clients ne se sont d’ailleurs
pas privés de reprocher à la compagnie ferroviaire la dureté des nouveaux
sièges mis sur les TGV entre Paris et Bordeaux.
Par ailleurs, ce TGV sera équipé d’antennes supplémentaires afin que la
connexion wifi soit meilleure à bord, alors qu’elle est aujourd’hui très critiquée
par les voyageurs.
La voiture bar a été sauvée de peu. La SNCF s’interrogeait
sur le fait de la garder ou non. Finalement, la décision a été prise de la
maintenir. Actuellement, la voiture bar est concentrée sur le niveau supérieur
de la voiture. L’étage du dessous étant un espace technique. Désormais les 2
étages seront utilisés pour créer un "bar cathédral" avec des écrans.
La SNCF souhaite encore garder quelques secrets pour l’instant sur l’aménagement
de cette voiture qui génère du chiffre d'affaires non négligeable pour l’entreprise
ferroviaire.
La SNCF a commandé 115 TGV M. 100 seront destinés au marché
national, 15 à l’international.
"La production s’étalera jusqu’en 2032 au moins sur
les 16 sites d’Alstom en France. 10 d’entre eux sont directement impliqués dans
la fabrication du TGVM", explique Laurent Jersalé, directeur du compte
SNCF pour Alstom. Le site leader sera celui de La Rochelle. L’usine de Belfort
fabriquera les motrices, Petit Quevilly s’occupera des transformateurs, le
Creusot s’occupera des bogies, Villeurbanne fournira l’électronique… À 30
millions d’euros pièce, le groupe Alstom se doit de tenir ses délais tout en
assurant les étapes indispensables à la certification de ce nouveau train.
Ce
TGV nouvelle génération a d’ailleurs vocation à s’exporter, Amtrak, l’équivalent
de la SNCF aux États-Unis, a d’ores et déjà commandé 28 rames pour une
exploitation entre Boston et Washington.
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