Retour au bureau : l'ère du tout télétravail touche-t-elle à sa fin ?

L'ère du tout télétravail touche à sa fin. Les grandes entreprises de la tech américaine, comme Amazon ou encore Google, rappellent leurs salariés. En France, les entreprises renégocient aussi leurs accords. Les salariés d’Ubisoft, l’éditeur de jeux vidéo, étaient même en grève, mardi 15 octobre pour protester contre une demande de retour au bureau.

Un mail envoyé à tous les collaborateurs mi-septembre a mis le feu aux poudres. La direction demande "trois jours au moins de présence au bureau chaque semaine". Un moyen "de stimuler la créativité et de prendre des décisions de manière plus efficace", justifie l'entreprise.

Pour Marc, délégué syndical Solidaires chez Ubisoft, le télétravail, c'est un peu comme les congés payés ou les 35h. "Ça ressemble quand même à une évolution des conditions de travail et une forme d'acquis social. On a des collègues à qui on a dit 'c'est bon, tu peux télétravailler complètement maintenant' qui ont déménagé, qui ont un prêt immobilier. On a des collègues qui ne peuvent pas venir dans l'open space pour des raisons médicales", explique-t-il. 

"Il y a une volonté de contrôle des employés de la part du patronat. Je pense que le fait qu'il ait des employés qui travaillent à distance que le patronat ne peut pas surveiller, ça les chagrine", ajoute le délégué syndical depuis son salon.

Renouvellement des accords d'entreprises

Le cas d'Ubisoft Pierre est loin d'être isolé. On arrive à la période de renouvellement des accords d’entreprises, obligatoire dans les plus grosses d’entre elles. La tendance, c’est une réduction de la voilure : Chez l'Oréal et AXA, c'est maintenant 2 jours par semaine avec autorisation préalable du manager. Dans le groupe Bouygues, les vendredis à distance sont désormais limités pour éviter les bureaux déserts. Enfin, certaines entreprises interdisent le travail à distance, juste avant et après les vacances. 

Les Américains ont un nom pour ce phénomène : RTO pour Return to the office qu'on traduit par "retour au bureau". Il est vrai que le télétravail avait été mis en place, parfois un peu dans l’urgence, pendant le Covid. Aujourd’hui, s’il n’y a plus de pandémie, reste cette aspiration des salariés à plus de liberté pour organiser leurs journées.

"L'idée, c'est d'organiser les choses de manière que les gens se voient. De manière que le salarié ne décide pas tout seul dans son coin s'il vient ou s'il ne vient pas. Pour réserver un certain nombre de moments de l'entreprise, les comités de direction ou les réunions de service, comme des moments qui ne se font pas à distance", explique Benoit Serre est le Vice-président de l’Association nationale des DRH.

Le télétravail un argument d'attractivité

Les salariés se plaignent d'être surveillés, mais les patrons assurent qu'on travaille mieux en se voyant tout simplement. C’est ce que défend Arnaud Molinié, le patron de Loxamed qui réduit à un jour par semaine le travail à distance. "Le présentiel permet des choses ou abouti à des idées qu'on n'aurait pas forcément eues tout seul dans son coin ou en échangeant par téléphone", assure-t-il. "Vous êtes derrière un écran, vous perdez en conviction et vous perdez peut-être en relation humaine", poursuit-il.     

Très difficile à chiffrer évidemment. Reste que dans les secteurs où le recrutement est tendu, le télétravail devient un argument d’attractivité pour les entreprises. À revenus équivalent, les salariés privilégient celle qui offre le plus de flexibilité.

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