Est-ce que la guerre en Ukraine va impacter le pouvoir d'achat des Français et vider les rayons des magasins ? Interrogé au micro de RTL, mercredi 6 avril, Michel-Édouard Leclerc contredit cette théorie. "Il n'y a pas de pénurie, il peut y avoir des ruptures de certaines marques et de certaines provenances, des filières tendues. Mais nous avons les produits en stock."
"D'une manière générale, il faut arrêter d'attribuer à la guerre en Ukraine l'inflation et les problèmes qu'on rencontre", plaide le président du Comité stratégique des centres E.Leclerc. Il admet que, localement, les pâtes ou le riz, peuvent être en pénurie. "Mais il n'y a pas de rationalité à cela, c'est plutôt les 'on dit'".
Il explique alors que l'inflation des prix de l'alimentation actuelle est relative à la hausse des tarifs et des coûts de 2021. "Les négociations commerciales avec les fournisseurs ont eu lieu jusqu'à fin février. Aujourd'hui, les commerçants sont appelés à répercuter, plus ou moins, les hausses des coûts des fournisseurs", détaille-t-il, n'excluant pas que l'Ukraine "rajoutera sans doute une couche à cette inflation". "On est à peu près certains, qu'après les sanctions, la Russie ne va pas exporter un certain nombre de grains. Il y aura un impact mais l'ampleur n'est pas mesurable aujourd'hui."
Pour lui, l'inflation s'explique aussi par les mauvaises récoltes en 2021, et notamment pour le café, qui ont entraîné de fortes hausses. Le café Arabica a augmenté de 82% sur le marché international ces 12 derniers mois, le café Robusta de 61%, l'huile de tournesol de 54%, précise Michel-Édouard Leclerc. "L'inflation des produits agricoles français est, elle, rationnellement justifiable, c'est un rattrapage après 4 ans de déflation", ajoute-t-il.
Face à l'augmentation des prix, il pointe du doigt ceux qui "spéculent sur le drame qui se passe en Ukraine" pour impacter le marché des matières premières internationales. "Il y a tellement de fonds qui les achète pour les revendre plus chère. Il faut se battre contre ça, ce n'est pas inéluctable."
Dans ce combat, "il faut quelques fois prendre des coups, refuser des fournisseurs, certains tarifs tant que ne sont pas transparents, se battre pour nos clients", estime le président du Comité stratégique des centres E.Leclerc. Selon lui, les enseignes ne se précipitent pas pour répercuter cette inflation sur leur prix, "ce qui signifie que les distributeurs la prennent sur leur marge".
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