Après nous avoir dit que l’inflation ne serait que temporaire, les économistes font un virage sur l’aile. Aucun ne croyait, il y a un an, à un emballement de la hausse des prix. Et voilà que les chiffres tombent, début 2022.
7,5% aux États-Unis sur un an, chiffre le plus élevé depuis quarante ans. 5,4% au Royaume-Uni, chiffre le plus haut de trente ans. 5,1% en Allemagne, 6,1% en Espagne. En France, les chiffres sont un peu plus sages avec +3,6%.
Ces derniers chiffres sont dus à un mécanisme de blocage des prix de l’électricité et du gaz, décidé par le gouvernement. D’après des calculs de Bercy, ça a permis de réduire la hausse des prix de 1,8%. En clair, si on n’avait pas bloqué, la hausse des prix en France serait de 5,4%, tout à fait en ligne avec nos voisins.
C’est tout à fait possible. L’analyse conventionnelle est la suivante. Nous faisons face à deux événements incroyables qui ont fait monter les prix. Un : l’épidémie, qui a brisé les chaînes d’approvisionnement mondiales, à cause des désordres qu’elle a déclenchés, provoquant des pénuries, et donc une hausse des prix. Hausse des prix avivée par la forte reprise mondiale qui suivait les confinements.
Deux, la guerre en Ukraine, qui fait monter le prix de l’énergie, pétrole et gaz, hausse qui se diffuse évidemment dans toute l’économie, parce que celle-ci utilise massivement l’énergie. Le pétrole était à 139 dollars cette nuit, tout près de son record de tout temps.
Ce sont des chocs ponctuels, et c’est pour cela que les économistes nous disent que l’inflation ne devrait pas durer. Il n’y a pas de boucle prix salaire, se justifient-ils. La "vraie" inflation, c’est lorsque la hausse des prix et celle des salaires s’entretiennent mutuellement.
Oui ça change, pas en France, mais aux États-Unis et au Royaume-Uni, les salaires ont pris 5 à 6%, en Allemagne plus de 3%. Il y a peut-être un début de boucle prix-salaire. Mais surtout, les économistes qui récusent l’inflation omettent deux phénomènes.
D’abord la démographie, qui est en train de contracter la population active dans tous nos pays. Il y a moins de personnes en âge de travailler, à cause du vieillissement. Le rapport de forces avec l’employeur est donc en train de basculer en faveur des salariés, c’est une première depuis 30 ou 40 ans. D’où les pénuries massives de travailleurs qu’on observe un peu partout. Ça devrait faire monter les salaires.
L’autre phénomène, capital, c’est l’extraordinaire création de monnaie que nous avons faite pour maintenir les revenus pendant la pandémie. On a créé de la monnaie, alors que la production de richesses s’effondrait, pendant les confinements. La théorie classique, balayée d’un revers de main par tous les spécialistes il y a deux ans, est en train de se venger.
Quand la quantité de monnaie en circulation dans l’économie progresse plus vite que la création de richesses réelles, la production, les emplois et bien les prix augmentent. C’est une loi maintes fois observée dans l’histoire.
Si l’inflation a bien été déclenchée par les pénuries et la guerre, il est possible que sa cause profonde soit l’extraordinaire action des banques centrales pendant l’épidémie. En particulier pour prêter aux états qui se sont endettés comme des brutes. Ce serait en quelque sorte la facture du quoiqu’il en coûte.
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