Incendies : la France manque de Canadairs, des appareils trop vieux et très chers

Plusieurs incendies se sont déclarés ces derniers jours, notamment dans les Bouches-du-Rhône, près de Marseille, ou dans l’Hérault. Focus sur la flotte française d'avions capables d'éteindre ces feux ou de surveiller les zones à risque, et la situation n'est pas brillante.
 
La France a besoin d'un plan de renouvellement de cette flotte de Canadairs, de Dash ou de Beechcraft. Le souci, c'est que ces avions jaune et rouge que l’on voit opérer pendant tout l'été vieillissent. L'autre problème, c'est qu'on promet des programmes d'achats et qu'on retarde le calendrier d'année en année. C'est comme le déficit ou la dette, on repousse le problème jusqu'au jour où ça devient une crise. C'est dans ces moments-là qu'on se rend compte que la France s'est appauvrie au fil du temps.

Selon un rapport du sénateur Jean-Pierre Vogel en 2023, la Sécurité Civile dispose de 12 Canadairs capables de larguer 6.000 litres d'eau, de 8 Dash qui surveillent et peuvent épandre du retardateur et 3 Beechcraft qui survolent toutes les zones à risque.

Pas d’achat de Canadair avant 2029

Le premier Canadair a été livré en 1994, il a 31 ans, et le dernier en 2007, il a 18 ans. La moyenne d'âge du parc de Canadair est de 25 ans. C’est trop vieux car il y a de plus en plus de zones qui risquent d'être frappées par des incendies à cause de la sécheresse et du réchauffement climatique. Les avions sont plus sollicités qu'avant et comme ils sont vieux, ils sont plus souvent en maintenance. On a donc un parc sous tension et des risques plus importants.

Un Canadair coûte entre 60 et 64 millions d’euros. C'est un achat qui s'anticipe, que l'on met dans un programme d'investissement et que l'on respecte. Malheureusement, les plans existent. Les achats étaient prévus pour 2027 et ce ne sera pas avant 2029.

Il y a une file d'attente pour acheter un Canadair, mais il n’existe qu’un seul constructeur au monde : de Havilland. Pendant 10 ans, il a stoppé la fabrication faute de demande et vient de relancer la production en 2022. Il ne peut pas fournir le monde entier qui est de plus en plus la proie des flammes. Souvenez-vous Athènes, le Canada, Los Angeles ou le Cap Ferret !

Peut-on compter sur Airbus ?

Aujourd'hui, une des solutions, c'est de louer du matériel en renfort, des hélicoptères bombardiers d'eau, par exemple. Mais ça coûte cher : 1 million par appareil sur une saison. Qui plus est, le personnel des compagnies de location n'est pas français et ça complique la coordination des opérations. 
 
Peut-on fabriquer des appareils avec Airbus ? Oui, mais les chaînes sont déjà à flux tendu chez l'avionneur. Il existe néanmoins une solution qui est encore au stade expérimental : transformer l'avion militaire A400M en bombardier. Il existe un "kit" qui permet de rendre le ventre de l'avion étanche pour qu'il transporte de l'eau à la place des militaires et qu'il puisse larguer 20.000 litres, plus de 3 fois le volume d'un Canadair.

Il faut quand même rendre hommage à tous les acteurs de la Sécurité Civile car la surveillance et l'intervention permet de stopper 90% des départs de feu. Ça mérite quelques moyens financiers même en période de disette budgétaire.

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BONUS - La suite de l'émission du 5 septembre 2025

05/09/2025 à 12:00 - 26m59s