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Feux de forêt : le reporter de RTL prend place à bord d'un Canadair de la sécurité civile

RTL en immersion à bord d'un Canadair de la sécurité civile, ces avions jaunes et rouges qu'on voit parfois écoper le long de nos côtes, ces bombardiers d'eau qui luttent contre les incendies de forêt. RTL a pu exceptionnellement monter à bord, pour plusieurs exercices. Sensations garanties.

Etienne Baudu, journaliste de RTL, entouré des pilotes de Canadair
Crédit : Baudu/RTL
RTL ÉVÉNEMENT - Un vol à bord d'un Canadair de la sécurité civile
00:04:27
RTL ÉVÉNEMENT - Un vol à bord d'un Canadair de la sécurité civile
00:04:27
Etienne Baudu
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L'intérieur d'un Canadair est assez spartiate. J'ai pris place sur un strapontin amovible accroché entre le siège du commandant de bord Alexandre Jauffret et celui du co-pilote Jean-Claude Sax. Tous les deux sont d'anciens pilotes de chasse dans l'armée de l'Air, 18 années aux commandes d'un Canadair pour Alexandre, Jean-Claude lui vient d'arriver, il est en formation pour obtenir ses habilitations. 

Ce matin-là, entrainement avec 2 Canadairs, le 39 et le 45 en patrouille. Nous prenons la direction du port de commerce de Fos-sur-Mer.

Premier exercice, primordial et toujours risqué, l'écopage, c'est-à-dire le remplissage en glissant sur l'eau des deux réservoirs de 3.000 litres chacun, qui se trouve dans les entrailles de l'avion. Au large mouillent de nombreux navires, principalement des pétroliers. À droite, on aperçoit les immenses portiques de chargements des imposants porte-conteneurs et à gauche des éoliennes. 

Ecoper au milieu d'une darse dans le port de commerce de Marseille

Et c'est au milieu de tous ces écueils au centre de la darse que le premier écopage va avoir lieu après une première reconnaissance pour observer l'état du plan d'eau. Dans le cockpit, le seul instrument high tech à bord est un iPad où sont répertoriés tous les plans d'eau sur lesquels les Canadairs peuvent écoper. Tout le reste, c'est un pilotage à l'instinct, on va dire, aiguisé évidemment par des années de pratique. 

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Pas de pilote automatique, des instruments rudimentaires et le savoir-faire donc du pilote. Après deux larges virages par la gauche, le Canadair abaisse sa vitesse à un peu moins de 170 km/h, pique du nez et plonge vers la darse. Le commandant de bord Alexandre Jauffret reste très concentré. 

"On se présente comme un atterrissage, je dégauchis et voilà, on est dans l'eau. On sort les écopes, l'avion se remplit, moi, je remets des gaz pour ne pas faire chuter ma vitesse, je garde une vitesse d'environ 70 nœuds sur l'eau. On rentre les écopes, du coup l'avion accélère beaucoup mieux et donc je peux le sortir de l'eau", décrit le maître à bord. 

L'opération aura duré à peine un peu plus d'une trentaine de secondes sur l'eau et il aura fallu au maximum 2 km pour se poser et redécoller. Pour les exercices d'écopage, le pilote déleste l'avion de son eau avec une procédure qui sera la même qu'un "vrai largage". Le commandant demande à son copilote d'armer les 4 portes de largage. Une fois armées, il appuie sur un bouton. On entend le bruit sec et les 6.000 litres d'eau sont expulsés d'un coup.

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Un canadair remplit ses réservoir dans un port
00:01:34

Ecoper au milieu des voiliers : "On fait toujours une passe de reconnaissance pour prévenir les gens"

Deuxième exercice, l'écopage se fait en dehors du port lui-même avec cette fois-ci une légère houle, l'opération est un peu plus délicate. L'amerrissage est plus sportif. Le but est de minimiser les à-coups, éviter de taper et d'arriver le plus souplement possible. 

Et puis pour un troisième exercice d'écopage, on met le cap sur les plages du Prado à Marseille. On longe les plages au-delà de la zone des 300 mètres. Et là, il faut voler, naviguer, écoper sur un plan d'eau où évoluent d'autres usagers. Alexandre Jauffret explique le protocole mis en place : "En arrivant sur zone, on fait une reconnaissance pour prévenir les usagers qu'on est là, on marque l'axe de la zone d'écopage. Et cette zone sera protégée pendant une heure. Dans le cas d'un feu de forêt, on ne refera pas d'autres reconnaissances pour ne pas perdre de temps. La gendarmerie maritime peut même éventuellement se déplacer pour sécuriser la zone". 

C'est l'occasion de tordre le cou à une légende urbaine, non un baigneur ne peut pas être "avalé" par un Canadair. La bouche des fameuses écopes ne fait pas plus de 20 cm de long sur 10 de large.

L'autre exercice, tout aussi périlleux, le largage de l'eau sur le relief

Une fois les deux réservoirs remplis, direction le massif de l'étoile au-dessus de Marseille. Une zone d'entrainement qui s'appelle le Pilon, une colline dont le sommet est plat. Appelé la table, c'est l'endroit où les Canadairs s'exercent aux largages. Il y a là des montagnes, des forêts, des lignes haute tension aussi, qui sont les principales ennemies des Canadairs volant à basse altitude et chargés d'eau.

Pour l'exercice, on effectue un premier passage pour repérer s'il y a des promeneurs. Sur un incendie, ce sera pour avertir les pompiers au sol et déterminer le meilleur endroit pour larguer. C'est donc un exercice délicat pour le commandant Jauffret : "On voit bien les poteaux, mais on ne voit pas la ligne donc en fait quand on fait des passes comme ça, on vient s'appuyer sur le poteau de manière à avoir un repère visuel et on descend uniquement une fois qu'on a passé son poteau, ça veut dire qu'on sait qu'on ne touchera pas la ligne. Après le danger ce sont les turbulences et le fait qu'on soit un avion lourd et à basse vitesse". 

Alors là aussi l'exercice est impressionnant, sensation garantie pour le néophyte. Après un virage sec sur la gauche, l'avion plonge vers le pilon, passe au ras des moustaches du pylône, largue et, libéré de ses 6.000 litres d'eau, remonte d'un coup. Impression de manège de foire les plus spectaculaires !

Sur un "vrai" feu de forêt, il faut ajouter un vent fort, des trous d'air, la chaleur et évidemment la fumée qu'un Canadair ne traversera jamais d'ailleurs, trop dangereux, vous les verrez toujours larguer sur la lisière du feu.

Alexandre Jauffret, commandant de bord sur Canadair

 Alors bien entendu, Alexandre Jauffret apporte des précisions qui ont leur importance. "Sur un 'vrai' feu de forêt, il faut ajouter souvent un vent fort, des trous d'air, la chaleur, les personnels au sol et évidemment la fumée qu'un Canadair ne traversera jamais d'ailleurs, trop dangereux, vous les verrez toujours larguer sur la lisière du feu", explique-t-il.

Voilà, la série d'exercices a été concluante. Le copilote Jean-Claude Sax aura même pris les commandes pour s'exercer à un amerrissage avec arrêt complet puis redécollage sur l'étang de Berre. On retourne sur la base de la sécurité civile de Nîmes-Garon. En passant, on va écoper sur le Rhône tout en douceur, sans clapotis cette fois-ci ! Les réservoirs sont nettoyés de leur eau salée et corrosive. Les Pélicans 39 et 45 retrouvent sur la base leurs 8 petits frères les Dash, même s'ils ont plus gros, ainsi que leurs 10 congénères jaunes et rouges.

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