Grande distribution : que gagnent vraiment les distributeurs ?

Layla Rahhou, déléguée générale de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui représente toutes les enseignes de la grande distribution, a poussé un coup de gueule sur RTL mercredi. Elle a tiré la sonnette d'alarme face à une fiscalité qui explose pour les grandes entreprises. Elle a notamment expliqué que la grande distribution faisait de petites marges. Mais est-ce que c'est vrai ? 

Layla Rahhou parle ici du bénéfice des hypermarchés et des supermarchés, qu'elle chiffre entre 1 et 2 %. C'est factuellement vrai. Ça veut dire concrètement que quand vous dépensez 100 euros à la caisse de votre hypermarché, son propriétaire gagne 1 à 2 euros. 

Mais ça s'applique sur des chiffres d'affaires qui sont objectivement très élevés, qui se comptent en dizaines de milliards d'euros. Donc 1 ou 2 % sur des dizaines de milliards d'euros, ça fait beaucoup. On mélange aussi souvent la marge brute et le bénéfice, ce qui induit de l'erreur dans l'analyse. 

Quelle est la différence entre la marge, la marge brute et le bénéfice ?

La marge c'est ce qui sert à payer les charges du magasin. En moyenne, sur tous les produits vendus dans un hypermarché, la marge est de 25 %. Dans le même temps, les charges, en moyenne, sont de 23 %. Elles servent à payer les salaires du personnel, le loyer, l'énergie ou encore la publicité. C'est quand on soustrait ce 23 % de charge au 25 % de marge qu'on arrive à 2 %. C'est ce qui reste dans la poche du propriétaire.

Il faut bien comprendre que les 25 % de marge sont une moyenne et que cela diffère en fonction des produits. Par exemple, les produits de marque sont beaucoup moins margés que les autres, parce que les clients peuvent comparer les prix. Les distributeurs se font la guerre des prix sur ces produits-là. Dans ce cas, le niveau de marge peut descendre jusqu'à 10 %. 

D'ailleurs, c'est la loi qui a imposé un minimum de 10 % parce que sinon ça serait zéro et il se ferait la guerre totale. Mais avec seulement ces 10 % de marge, ça ne couvre pas les charges du magasin, il faut donc se refaire la cerise ailleurs, par exemple sur les fruits et légumes, sur la viande, sur le poisson.

La marge intègre aussi la casse des produits invendus. Dans le cas des produits périssables comme les fruits et les légumes, si la salade n'est pas vendue le jour-même ou le lendemain, elle sera jetée ou elle sera donnée. La salade a très bien pu être achetée deux fois moins cher que le prix payé  et peut-être que l'agriculteur a touché deux voire trois fois moins. Il faut donc regarder la moyenne des marges des produits vendus dans les magasins.