Il s'agit d'un budget sans boussole, pour lequel il n'y a plus aucun repère comptable. La dette, le déficit, la croissance, le PIB : toutes les aiguilles s'affolent. En 2008/2009, lors de la dernière grande crise, l'avion France avait été touché par la foudre mais la chute était restée sous contrôle.
Le PIB, autrement dit la croissance des richesses, avait perdu 3%. Cette année, il dégringole de 10%. Certes, le PIB doit rebondir l'an prochain mais 2020 a habitué les Français à être prudents sur les prévisions.
Tous les indicateurs virent au rouge parce que tout est lié à cette croissance qui s'est effondrée. Le budget qui sera consacré à la relance sera quatre fois plus important qu'en 2009. La dette s'envole au-delà du raisonnable : 117,5% alors qu'on était tout juste à 100% au début de cette année et c'était déjà insupportable.
Le fameux seuil de 3% du PIB imposé par Bruxelles pour le déficit public n'a plus aucun sens puisque la France affichera 6,7% l'an prochain et que nul ne sait comment elle reviendra à une dette normale et à un déficit raisonnable.
Le gouvernement annonce une croissance plus faible que les instituts économiques pour cette année et une croissance meilleure que les prévisions pour l'an prochain. C'est le signe d'un budget qui a peur de l'avenir et qui essaie de se rassurer à court terme avec une bonne surprise en fin d'année. Les mauvaises nouvelles semblent être reportées à fin 2021.
Le gouvernement mise son rebond sur la consommation des ménages et une reprise soutenue mais les ménages ne consommeront que s'ils ont confiance. Les zigzags en matière de politique sanitaire ainsi que la remontée de l'épidémie ne sont pas là pour les rassurer.
Cela signifie que le contribuable français et l'épargnant français (qui sont les mêmes) risquent d'être comme Sisyphe et de pousser ce rocher de la dette perpétuellement. Le gouvernement a fait le pari de consacrer les 100 milliards du plan de relance au financement de l'économie de 2030. Il souhaite soutenir les entreprises pour avoir un retour sur investissement dans 10 ans.
C'est aujourd'hui un pari courageux, sans doute la bonne stratégie d'ailleurs, mais qui sera difficile à tenir si l'on voit le chômage s'envoler à un niveau inédit depuis le début du siècle (environ 12% de la population active l'an prochain). Et d'autant plus si les pays "frugaux" du Nord de l'Europe en ont assez de voir les pays du Sud s'enfoncer dans le rouge budgétaire.
Il faudra alors s'occuper du présent et puiser dans les 100 milliards pour gérer l'urgence sociale. Dans une enquête de la CPME que RTL vous révèle ce matin, la moitié des patrons de TPE ont peur de faire faillite dans les prochains mois. Il demeure impossible pour eux de se projeter en 2030. Il en va de même pour le gouvernement. 2021 a déjà été rattrapée par 2020, et le budget a dû être revu trois fois pour l'adapter à la crise.
Et aux adeptes de la lampe à huile. Le climat demeure tendu alors que les enchères pour l'attribution des licences de 5G aux opérateurs débutent ce lundi 28 septembre. Cela doit permettre de proposer les premiers forfaits d'ici la fin de l'année.
Les enchères devraient aussi rapporter plusieurs milliards à l'État qui en a bien besoin en ce moment.
Cette note pourrait encore baisser dans 7 jours. Le gendarme de l'audit va entendre les explications de ceux qui ont validé les comptes de la société qui possède William Saurin.
Il y a 4 ans, le monde découvrait la plus grande fraude comptable du siècle avec 300 millions de fausses factures validées par les cabinets d'experts-comptables et auditeurs de l'entreprise.